Crise : "On sait réparer les pannes mais pas les prévenir"

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les économistes Daniel Cohen et Nicolas Baverez ont analysé l’après-crise lors du Grand Rendez-vous/ Le Parisien Aujourd’hui en France.

Pour comprendre l’après-crise, les économistes Daniel Cohen et Nicolas Baverez ont confronté dimanche leurs points de vue lors du Grand Rendez-vous/ Le Parisien Aujourd’hui en France, sur Europe1.

Ainsi, pour Daniel Cohen, "on a fait ce qu’il fallait faire et on a évité la catastrophe de 1929 et donc une apocalypse financière". Mais l’économiste s’inquiète pour le futur car "aucun des problèmes responsables de cette crise n’ont été réglés".

Pour expliquer son analyse, il s’est appuyé sur l'image des réseaux électriques : "Quand on interconnecte par des grands réseaux électriques des villages sur ce réseau c’est une très bonne chose car ils sont toujours alimentés, mais jusqu’à un certain point". Or, lors de cette crise "c’est ce seuil critique qu’on a passé sans comprendre", explique-t-il, soulignant : "aujourd'hui, on sait réparer les pannes mais toujours pas les prévenir."

Pour Nicolas Baverez, c’est "le problème de la conversion de la mondialisation qui va se poser", comme essayer de mettre fin aux grands déséquilibres entre les pays industrialisés qui s'endettent et les pays émergents qui prêtent.

Interrogés sur le risque d’une éventuelle rechute, les économistes se sont montrés rassurants. "On est entré dans une très longue convalescence pour les pays industrialisés", explique Daniel Cohen. "Le plus préoccupant serait une reprise en racine carré. A savoir ça descend, ça remonte et ça stagne". Pour Nicolas Baverez, "on ne pourra pas durablement avoir des déficits trop élevés avec une croissance trop faible". L’enjeu du futur "c’est de lutte contre la dette", a -t-il souligné.

Au sujet des "bulles financières", la plus préoccupante "est celle de la dette publique et des banques centrales", analyse Nicolas Baverez. Avec 36.000 milliards de dollars de dette publique mondiale, certains états rencontrent déjà des problèmes de financement. Or "un Etat peut faire faillite comme l'Argentine, la Russie, l’Islande ou Dubaï", a expliqué Nicolas Baverez.

Enfin, au sujet de "l’exception française", Nicolas Baverez a souligné que "si la croissance a repris, la France n’arrive pas à accrocher le train de la sortie de crise". Selon lui, "le secteur privé est trop concentré sur des pôles d’excellences comme l’automobile et l’aéronautique", et ce sont eux qui ont le plus souffert pendant la crise.