Coup de froid sur les salaires

Concernant les augmentations de salaire pour 2011, la tendance est plutôt à la crispation.
Concernant les augmentations de salaire pour 2011, la tendance est plutôt à la crispation. © MAXPPP
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et Fabien Cazeaux avec Brigitte Rénaldi , modifié à
ENQUETE - Augmenter les salaires en fin d'année n'est pas à l'ordre du jour partout.

Les salaires, victimes de la crise économique qui repart de plus belle ? Dans les entreprises, la saison des négociations sur les augmentations se termine en fin d’année. Et comme tous les ans, les discussions débutent à la rentrée, en septembre. Mais cette année, le chantier s’annonce particulièrement difficile.

2011, un mauvais cru

Concernant les augmentations des salaires pour 2011, la tendance est plutôt à la crispation, voire au coup d'arrêt. Un revirement s'est produit en quelques mois. Jusqu’à l’été, les prévisions moyennes étaient de 2,7%, au-dessus de l’inflation.

Or, en cette rentrée, on s’oriente vers 1,8% d’augmentation en moyenne, dans l’ensemble des entreprises, soit l’équivalent de l’inflation, ce qui équivaut à une quarantaine d’euros par mois rapporté au salaire moyen.

Zéro augmentation dans certains cas

Et dans certaines entreprises, les salariés ne devraient connaître aucune augmentation. C'est surtout le cas des PME.  Interrogé par Europe 1, André Ferrandès, transporteur routier, a fait ses comptes. Il s’attend à une activité réduite, en fin d’année, à cause de la croissance en panne. Celui-ci a donc pris la décision de ne pas augmenter les salaires de la centaine des personnes qu'il emploie. "C'est un non catégorique, vu la conjoncture (…). Même si nos gars méritent, aujourd'hui ça reste compliqué", confie-t-il.

"On aide un peu nos salariés de temps en temps":

Une décision d'autant plus difficile que certains d'entre eux en sont déjà à lui demander des avances sur salaires pour la rentrée. "Certains ont des difficultés, on voit qu'il y a de plus en plus d'acomptes aujourd'hui (…). On aide un peu nos salariés de temps en temps, on leur donne quelques petits avantages…", explique André Ferrandès.

Une tendance qui ne concerne pas le seul secteur routier. Le commerce ou le textile sont également touchés.

Les banques et les ingénieurs bien lotis

En revanche, dans certaines branches en meilleure santé, les salariés pourront espérer des augmentations de 2% voire plus. C'est le cas de la pharmacie, un secteur très dynamique, mais aussi des banques, de la chimie ou des télécoms.

Par ailleurs, pour ce qui est des métiers, du côté des ingénieurs, la tendance est à la hausse, alors que du côté des commerciaux, les nouvelles sont moins bonnes, à cause des parts variables souvent à la baisse.

Des augmentations individuelles ciblées

Tous les spécialistes contactés par Europe 1 sont unanimes. Cette année, les augmentations individuelles ciblées, envers des salariés qu’on veut garder, seront préférées aux augmentations générales. Et d’ailleurs, les syndicalistes, qui préparent en ce moment les négociations salariales, voient bien cette logique s’imposer depuis l’année dernière.

"C'est le petit chef qui décide" :

C'est notamment le cas dans la métallurgie. Mario Stéri, syndicaliste à la CFDT, sait qu’il va voir arriver de la Direction des ressources humaines des listes de noms de ceux qui vont être augmentés, service par service. "C'est le petit chef qui décide qu'un tel ou un tel a droit à x euro d'augmentation (…), regrette-t-il, interrogé par Europe 1.

"Tous les ans, on nous dit qu'il faut se serrer la ceinture (…), il y a aussi des efforts à faire du côté des employeurs pour lâcher non pas en augmentations individuelles, mais en augmentation générales", conclut-il.