Conti : "Ça ne vaudra jamais un boulot"

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avec Simon Ruben, envoyé spécial à Compiègne, et Olivier Samain
REPORTAGE - Les ex-Conti ont remporté aux prud'hommes une victoire au goût amer.

Une victoire sans sourire. Devant le tribunal de commerce de Compiègne, où siègent les prud'hommes, les ex-salariés de l'usine Continental de Clairoix, dans l'Oise, ne fanfaronnaient pas vendredi matin. Ils venaient pourtant d'apprendre un bonne nouvelle : leur licenciement a été annulé par la justice. Au total, 678 ex-salariés sont concernés par cette décision qui ne change fondamentalement pas grand-chose puisque l'usine a fermé ses portes il y a trois ans. Les "Conti" ne récupéreront donc pas leur emploi.

Un chèque de compensation. Néanmoins, la grande enveloppe que chacun a ouvert contenait une surprise agréable : la promesse d'une indemnisation octroyée par le conseil des prud'hommes, allant de 20.000 à 100.000 euros par personne, soit 6 à 24 mois d'indemnisation. "C'est une victoire avec les larmes aux yeux (...), mais c'est une victoire quand même", a clamé Xavier Mathieu, ex-leader charismatique des "Conti", devant ses anciens collègues.

xavier matthieu, conti

Des maux bien ancrés. Ces grosses sommes allouées à chacun n'effaceront pas les épreuves traversées pendant trois ans. "Ça m'a causé un divorce, j'ai une maison sur les bras, une fille que je ne vois que deux fois par mois, leur papier ne me fera pas retrouver ce que j'avais avant", confie, toujours désabusé, Xavier, sept ans de Conti derrière lui. "Quelle que soit la somme, ça ne vaudra jamais un boulot", ajoute-t-il au micro d'Europe 1.

"Ça ne vaudra jamais un boulot" :

La crainte d'un appel. Le fugace soulagement de l'indemnisation cède aussi rapidement la place à une inquiétude : Conti fera-t-il appel ? "Je pense qu'ils vont faire appel", pronostique Patrick, 28 ans d'ancienneté, sur Europe 1. "Ça sera encore un plus gros soulagement quand tout sera fini, quand chacun aura repris une vie normale", anticipe-t-il d'ailleurs. Lui comme les autres ne fêtera pas ce dénouement incertain. Patrick a rendez-vous samedi matin chez Pôle Emploi, pour tenter de trouver enfin la page Conti. En attendant, l'entreprise de pneus réfléchit à l'opportunité de faire appel de cette décision. Son avocat, Me Patrick Thiébart, qui dénonce sur Europe 1 "des condamnations extrêmement lourdes", l'y encourage en tout cas.