Compétitivité : ce rôle joué par le Big Mac

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D'après le think tank Bruegel, il est possible de comparer la compétitivité des pays grâce au prix de leur Big Mac.

La France a perdu en compétitivité ces derniers mois. Ce n'est pas le Medef qui le dit, mais le Big Mac. La preuve ? Le prix du célèbre hamburger de Mc Donald a décollé dans l’Hexagone, bien plus que chez ses voisins de la zone euro (excepté la Finlande). "Cela suggère que la France perd en compétitivité par rapport à l'Allemagne", analyse vendredi sur son blog Guntram Wolff, directeur du think tank européen Bruegel. Vous ne voyez pas le rapport entre la compétitivité de la France et le prix du Big Mac ? On vous explique.

C'est quoi, l'indice Big Mac ? Il s'agit d'un indicateur crée par le magazine The Economist en 1986. Le rôle d'origine de cet indice est de donner un aperçu des monnaies sous ou surévaluées, par une comparaison des prix du hamburger entre tous les pays qui le commercialisent. Et dans la zone euro, où tous les pays ont la même monnaie, l'indice Big Mac est un bon moyen de comparer la compétitivité des prix entre les pays.

Pourquoi le Big Mac ? Le hamburger phare du géant du fast food présente plusieurs avantages. Tout d'abord,  il nécessite des matières premières (achetées sur les marchés locaux), des services (cuisiniers, vendeurs), des locaux, et reflète ainsi l'évolution de la compétitivité des prix dans divers secteurs. Mc Donald calcule drastiquement les coûts de production, ce qui permet une mesure sure. Mais le Big Mac est surtout vendu partout dans le monde, ce qui permet une large comparaison. Et les prix sont fixés nationalement, ce qui donne un aperçu de la différence des coûts de production dans chaque pays.

Où le prix augmente-t-il le plus en Europe ? Selon les chiffres de la période janvier-juillet 2013 de The Economist, le Big Mac le moins cher s'achète en Grèce, où son prix a le plus fortement baissé ces six derniers mois. Il y coûte désormais 2,60 euros, soit 0,97 centimes de moins qu'en janvier. En Italie, le prix a baissé de 10 centimes et le hamburger double steak coûte 3,60 euro. En revanche, il a augmenté de 35 centimes en Finlande et de 30 centimes en France, pour atteindre un prix de 3,90 euro et 4 euros. En Allemagne, le prix reste stable, à 3,56 euros.

Pourquoi est-ce un mauvais signal pour la France ? Comme le souligne le think tank Bruegel, si le Big Mac grec a enregistré une telle baisse de prix, c'est dû à l'amélioration (subie) de la compétitivité du pays. Avec une baisse du coût du travail de 6% et une chute des salaires de 10%, le Big Mac grec coûte moins cher à fabriquer qu'avant. Et c'est pourquoi son prix baisse. En revanche, en France, note le think tank, le prix du Big Mac grimpe. La cause : un salaire qui a augmenté en moyenne de 2,1% en 2012, après une hausse moyenne de 0,8% par an entre 2008 et 2011, sans que la productivité des employés augmente, note l'Expansion. Résultat, avec la crise, une telle augmentation du coût du travail qui se ressent sur le prix du Big Mac.

Au premier abord, le fait que les salaires augmente plus en France qu'en Grèce n'est pas choquant. Mais la France est le seul pays de la Zone euro à augmenter ses salaires. Même en Allemagne, pays pourtant en meilleur santé que la France, les salaires augmentent peu. Et les prix du Big Mac restent compétitifs.

Un indice "simpliste" ? "Cette comparaison avec les Big Mac doit être regardée de façon anecdotique. En effet, il y a plein de facteurs qui rentrent en compte dans le calcul de la compétitivité comme la capacité d'innovation, la solidité du système financier, le niveau d'éducation, etc. ", estime, pour sa part, Christian Saint-Etienne, économiste spécialiste des questions monétaires, cité par Challenges. Selon lui, l'indice Big Mac est "simpliste". Qualité des infrastructures, situation sociale des individus, intensité de la recherche et développement etc. les critères de mesure sont légions, et il n'y a pas que le coût du travail.

Challenges souligne d'ailleurs que Bruegel a peut-être intérêt à mettre en avant l'indice Big Mac plutôt qu'un autre. "Ces résultats devaient satisfaire les membres de l'institut Bruguel, dont la présidence est assurée par l'ancien directeur de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet", le site du magasine économique. Avant de conclure : "une manière de pousser la France à se réformer en profondeur pour restaurer sa compétitivité perdue face à l'Allemagne".