Ces entreprises ont des envies d'Angleterre

Jeudi, plusieurs d’entre eux se sont rassemblés à Paris lors d’un séminaire, intitulé ironiquement "Red Carpet Day", afin de connaître les avantages et les moyens de convertir cette volonté d’exil fiscal.
Jeudi, plusieurs d’entre eux se sont rassemblés à Paris lors d’un séminaire, intitulé ironiquement "Red Carpet Day", afin de connaître les avantages et les moyens de convertir cette volonté d’exil fiscal. © Max PPP
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Charles Carrasco avec Martin Feneau
REPORTAGE - Moins de paperasse et moins d’impôts : c’est ce qui attire les entrepreneurs candidats à l’exil outre-Manche.   

L’INFO. L’appel du pied de David Cameron, il y a un peu plus d'un an, aux entreprises françaises "écrasées" par les taxes avait suscité une polémique dans l'Hexagone. Cette affirmation provocatrice traduit pourtant bien une réalité. Certains entrepreneurs sont tentés d’aller implanter leur entreprise en Grande-Bretagne. Jeudi, plusieurs d’entre eux se sont rassemblés à Paris lors d’un séminaire, intitulé ironiquement "Red Carpet Day", afin de connaître les avantages et les moyens de convertir cette volonté d’exil fiscal.

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© Max PPP

C’est plus simple en Grande-Bretagne. Sur place, les interlocuteurs échangent sur la différence de traitement fiscal imposé aux entreprises ou sur l’administration britannique considérée comme moins "agressive" en matière de contrôles fiscaux. Jean-Louis, chef d'entreprise  d'une cinquantaine d'années, crayonne des chiffres sur un bloc-notes : "j’apprends énormément de choses. Ça donne envie de s’intéresser à ce pays. Toutes les choses semblent beaucoup plus simple là-bas", assure-t-il au micro d’Europe 1. 

> INFOGRAPHIE : la France plus compétitive qu’on ne le pense

Certains patrons sont déjà convaincus de partir et rencontrent directement des banquiers londoniens ainsi que des agents immobiliers. "On vient d’augmenter l’impôt sur les sociétés à 37%. Vous savez à combien il est en Angleterre ? Il est à 20 %", avance Shabir, un comptable. Samir, jeune entrepreneur, a lui aussi pris sa décision. Il veut quitter la France. Les raisons invoquées ? Il y a moins de charges mais surtout c'est "plus facile", dit-il. "En France, c’est trop complexe donc on perd beaucoup de temps plutôt que de faire le vrai business. En Angleterre, on peut aller plus vite", renchérit-il. L’organisateur de l’événement assure lui ne pas vouloir pousser les entrepreneurs à quitter la France. "Je dis aux entrepreneurs qui sont installés en France : vous êtes des héros", précise-t-il. Et ceux qui partent en Angleterre ? "Des pragmatiques".

Les patrons en colère. La situation économique en France dope ce genre d’événements. Selon la dernière vague du baromètre Ifop pour la CGPME et le cabinet KPMG, deux tiers d’entre eux estiment que la pression fiscale actuelle les a incités à limiter les embauches. Jeudi, les chefs d’entreprises des PME se sont rassemblés à Lyon, à l’initiative du Medef et de la CGPME, pour donner un carton jaune au gouvernement et dénoncer les charges trop lourdes qui pèsent sur les entreprises.