CGT : Thibault coupe court à la rumeur

Bernard Thibault aurait envisagé de quitter la direction de la CGT à la fin de l'année 2011, selon Le Parisien. L'intéressé dément et dénonce une tentative de déstabilisation.
Bernard Thibault aurait envisagé de quitter la direction de la CGT à la fin de l'année 2011, selon Le Parisien. L'intéressé dément et dénonce une tentative de déstabilisation. © REUTERS
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avec Olivier Samain , modifié à
Le leader syndical souhaiterait écourter son mandat, maintient de son côté Le Parisien.

En milieu de journée jeudi, Bernard Thibault s'est lui-même fendu d'un communiqué pour démentir l'information selon laquelle il s'apprêterait à quitter la tête de la CGT. "Un article de presse de ce matin" affirme "que j'ai l'intention de 'jeter l'éponge' à la fin de l'année en quittant les responsabilités que m'ont confiées les organisations de la CGT", a commenté le leader de la CGT. "Je démens très clairement cette information".

De son côté, Le Parisien, qui affirmait ainsi dans son édition de jeudi que le patron de la CGT pourrait quitter la tête du syndicat à la fin de l’année 2011, maintient sa version des faits. "Les propos que rapporte notre journal ont bien été tenus le 21 décembre au soir - 'Je pars à la fin de l'année de manière à ce que mon successeur soit en place avant les présidentielles' - et la question de son départ figurait bien à l'ordre du jour du bureau confédéral de lundi", peut-on lire sur le site internet du journal.

L'échec de la réforme des retraites

Après une année 2010 difficile et une réforme des retraites qui a vu le gouvernement passer en force certains le soupçonnent ainsi de vouloir jeter l'éponge. Bernard Thibault serait non seulement fatigué, mais aussi affaibli vis-à-vis de sa base, les syndicats n’ayant obtenu presque aucune concession du gouvernement dans la réforme des retraites.

"En aucun cas la CGT n’est en prise à des conflits internes tels qu’ils déstabiliseraient sa direction nationale, a répondu Bernard Thibault. "Ce fantasme, relayé depuis plusieurs semaines, cherche à déstabiliser la CGT après avoir constaté la part prise par ses militants dans l'exceptionnelle mobilisation sur les retraites".

"Thibault est le Gorbatchev de la CGT"

Bernard Vivier, directeur de l'Institut Supérieur du Travail, assure, lui, que des tensions secouent la CGT. "D'abord, il y a la force de l'habitude, les bastions traditionnels. La CGT est encore centrée sur les entreprises à statut et la fonction publique. Tout le monde du travail qui se développe dans le secteur tertiaire doit être conquis par la CGT, sinon elle risque de s'affaisser sur elle-même", explique-t-il. Le spécialiste voit un second problème : "la CGT peut-elle rester sur un syndicalisme de contestation, de grèves et de barricades ? Bernard Thibault dit non", mais certains militants craignent de perdre leur identité, analyse-t-il. "Bernard Thibault est le Gorbatchev de la CGT", conclue-t-il.

"Une fuite organisée"

Contactés jeudi matin par Europe 1 avant que Bernard Thibault ne sorte de son silence, deux membres de son proche entourage y avaient vu une "fuite" organisée par certains cadres de la CGT pour accélérer sa succession. Ces fuites sur les doutes de Bernard Thibault sont aussi liées au contexte interne du syndicat, plutôt difficile actuellement. Le secrétaire général de la CGT effectue son troisième et dernier mandat, ce qui renforce les appétits de certains cadres, qui souhaiteraient bien prendre sa succession. Certains pourraient avoir multiplié les fuites médiatiques pour accélérer la transition.

Rivalités accrues au sein de la CGT

Bernard Thibault a par ailleurs entamé une difficile mue de la CGT, afin que le syndicat s’adapte aux nouvelles formes de salariat. Le patron de la CGT veut notamment s’adresser aussi aux employés de PME, et non aux seuls travailleurs des grandes entreprises.

Le chantier a été lancé en 2007 lors du congrès de Lille, puis rediscuté lors du congrès de Nantes en 2009. Problème : cette mutation de la CGT remet en cause les équilibres internes, et notamment les grandes baronnies qui se sont constituées ces dernières années à la tête de certaines grandes fédérations. Autant de cadres dont les relations avec Bernard Thibault seraient désormais moins cordiales.