CGT : Martinez sera-t-il le successeur de Lepaon ?

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SUCCESSION - La direction élargie s'est réunit lundi pour proposer un nouveau secrétaire général. Philippe Martinez est pressenti mais rien n’est acquis.

Affaibli par une série de révélations sur les coûts de rénovation de son appartement de fonction, puis de son bureau, et enfin sur son indemnité de "départ" de la CGT Basse-Normandie, Thierry Lepaon a été poussé à la démission et a jeté l’éponge mercredi. Le syndicat se retrouve donc sans chef de file et se cherche "une direction de transition jusqu'au prochain congrès de 2016", selon une source interne.

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Le syndicat a donc réuni lundi sa direction élargie pour désigner une nouvelle équipe dirigeante. Une liste de dix noms qui doit ensuite être approuvée, ou pas, mardi par le Comité confédéral national, le "parlement" de la CGT. Si c'était le cas, Philippe Martinez prendrait alors la suite de Thiery Lepaon. mais rien ne dit que sa candidature sera approuvée par des militants irrités par les derniers soubresauts internes.

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Qui est Philippe Martinez ? La Commission exécutive de la CGT a donc proposé lundi le nom de Philippe Martinez (à gauche sur la photographie ci-contre) pour devenir secrétaire général. Âgé d’une cinquantaine d’années, cet ancien de Renault Boulogne-Billancourt,où il a été délégué syndical central, dirige depuis 2008 la Fédération des métaux, la troisième la plus importante au sein de la CGT avec près de 65.000 adhérents. Il n'est membre de la Commission exécutive de la confédération, l'exécutif élargi, que depuis le dernier congrès de la CGT, en mars 2013 à Toulouse.

Un profil qui pourrait lui permettre de décrocher le vote des principales autres fédérations. D'autant que Philippe Martinez avait prévenu lors de la précédente élection du secrétaire général de la CGT que "Thierry (Lepaon) doit consacrer du temps au terrain". "C'est un gros bosseur, qui maîtrise parfaitement tous les dossiers industriels" et "se déplace beaucoup" sur le terrain, confirme Christian Garnier, délégué central chez Alstom qui le croise de temps en temps.

Qui pour intégrer la direction de la CGT ? Plusieurs noms circulent déjà à propos des neufs futurs membres du bureau confédéral qui entoureront le numéro un. Colette Duynslaeger, numéro un de la Fédération de La Poste, pourrait devenir administrateur-trésorier. Sont également pressentis : Grégory Roux (cheminots), Pascal Debay (Union départementale de Meurthe-et-Moselle), Fabienne Cru-Montblanc (présidente du groupe CGT au Cese), Frédéric Imbrecht (ex-énergie) ou son épouse, Virginie Gensel-Imbrecht, actuelle numéro un de l'énergie. Pascal Joly (numéro un en Ile-de-France) et Marie Saavedra (UD Vaucluse). Sans oublier Nadine Prigent, ancienne candidate au poste de numéro un en 2012.

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Mais l’ombre de Thierry Lepaon complique la transition. Sur le papier, la CGT a donc déjà entamé sa mue en respectant un principe central : au sein de la nouvelle équipe, "ne devrait figurer aucun des membres du bureau sortant". Objectif : tourner la page Lepaon. Sauf que la situation est bien plus contrastée et que la direction proposée au parlement de la CGT pourrait bien essuyer un désaveu. Et pour cause : Thierry Lepaon a gardé la main sur le choix de son successeur : non seulement, il fait toujours partie de la direction de la CGT, mais en plus les dix noms qui sont mis sur la table lundi émanent d'un "groupe de travail" restreint constitué autour de lui.

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Le risque de fronde existe. "Les proches de Thierry Lepaon n'ont pas laissé les mains libres à Philippe Martinez pour constituer son équipe et l'ont corseté", résume une source interne, avant d’ajouter que si des responsables "qui n'ont pas travaillé pour faire démissionner Thierry Lepaon sont présents dans le bureau, le CCN (le parlement de la CGT, ndlr) pourrait les rejeter".

Et ce n’est pas de la science-fiction : en 2005, le secrétaire général Bernard Thibault avait été désavoué par la base à propos du traité européen. Et pas plus tard qu’en 2012, le successeur qu’il avait désigné - Nadine Prigent - était retoqué. En clair, la base pourrait se rebeller contre la direction et les grosses fédérations. Pas vraiment idéal pour tourner la page Lepaon et entamer dans la sérénité un nouveau chapitre du syndicalisme.

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