Besson n'exclut pas un "black-out" cet hiver

Le risque de pénurie d'électricité en France cet hiver reste "modéré", a assuré RTE mercredi.
Le risque de pénurie d'électricité en France cet hiver reste "modéré", a assuré RTE mercredi. © MAX PPP
  • Copié
Marion Sauveur , modifié à
RTE affirme que le risque de coupures d’électricité est modéré malgré l’arrêt de centrales allemandes.

Le message se veut rassurant. Une étude de la filiale d'EDF en charge du réseau à haute tension français, RTE, affirme mercredi que le risque de pénurie d'électricité en France cet hiver reste "modéré".

La France, bien qu'exportatrice d'électricité, a une faiblesse : elle est championne du chauffage électrique. Sa consommation bondit lors des grands froids de près de 2.300 mégawatts à chaque fois que le thermomètre baisse d'un degré.

Conséquence : durant les périodes dites de "pointes de consommation", l’Hexagone a besoin d’importer de l’électricité. Mais cette année, cela pourrait être plus compliqué. La raison ? L'Allemagne, qui est le fournisseur de secours de la France pour faire face aux pics de consommation, a réduit sa production au printemps dernier. Huit premiers réacteurs ont déjà cessé leur activité cette année outre-Rhin après la catastrophe de Fukushima.

Des besoins compatibles avec les importations possibles

A en croire les experts du groupe Capgemini, ces fermetures posent une "menace" pour la sécurité des approvisionnements d'énergie en Europe. Pourtant, RTE se veut optimiste. Dans un scénario de grand froid - soit six à huit degrés sous les normales saisonnières - mais similaire à celui de décembre l'an passé, la filiale d’EDF estime que "les niveaux d'importation nécessaires pourraient atteindre 7.000 mégawatts". "Mais resteraient compatibles avec les limites techniques" d'importation, soit environ 8.500 mégawatts.

En dépit de la moindre disponibilité de l'électricité allemande, son pronostic s'appuie notamment sur le fait que durant une grande partie de l'hiver (janvier-mars), la disponibilité du parc électrique français est en "nette augmentation". Le risque de coupures devrait se situer entre mi-novembre et mi-décembre, les moyens électriques étant plus faibles que l'an dernier.

Comme chaque année, les régions les plus exposées seront l'est de la région PACA et surtout la Bretagne. Des appels citoyens à réduire sa consommation seront lancés en cas de situation difficile. Et pour la première fois, RTE envisage de mettre en place si besoin un système d'alerte orange (en cas de risque quasi certain de coupures le lendemain) et rouge (en cas de risque certain).

Besson n'exclut pas un "black-out"

Un optimisme que ne partage pas le ministre de l'Energie. Eric Besson n'exclut pas une coupure d'électricité à large échelle pour cet hiver. "Cela pourrait se traduire par un écroulement de tension, pouvant lui-même conduire à un 'black-out' de grande ampleur", a-t-il indiqué. Et de préciser : "je ne dis pas que c'est un scénario probable, c'est un scénario du pire, un scénario extrême. Donc pas de catastrophisme, pas de pessimisme mais une grande prudence".

Un nouveau record cette année ?

L'an dernier, où le transporteur d'électricité avait également jugé le risque de pénurie de "modéré", la France avait battu le 15 décembre son record absolu de consommation électrique, à 96.700 megawatts. En cas de nouvelles températures glaciales cet hiver, ce record inquiétant pourrait de nouveau être battu.

Le dernier "black-out", caractérisé par un effondrement complet du réseau, remonte en France à 1978. La dernière grande panne, liée à un incident en Allemagne, date du 4 novembre 2006.