Banques : ce que change l’accord de l’UE

© REUTERS
  • Copié
avec agences , modifié à
Dette grecque allégée, recapitalisation, etc. : les banques sont au cœur du plan anti-crise.

Empêtrées dans la dette grecque, malmenées par la crise de l’euro, sommées de rouvrir le robinet à crédit pour relancer l’activité : les banques européennes sont partie intégrante de l’accord conclu dans la nuit de mercredi à jeudi entre les membres de l’eurozone.

Officiellement, ces dernières sont ravies de cet accord. "Nous saluons l'annonce d'un plan de mesures pour stabiliser l'Europe, renforcer le système bancaire européen et aider à la réforme de la Grèce", a réagi Charles Dallara, directeur de l'Institut de la finance internationale. Mais que signifie vraiment cet accord pour le secteur bancaire ?

Renoncer à la moitié des prêts grecs

En vertu de l’accord trouvé, les banques devraient renoncer à la moitié des dettes accumulées par la Grèce, soit bien plus que les 21% auxquels elles avaient consenti le 21 juillet dernier.

Mais ce renoncement à leurs créances se fera sur la base d’un "accord volontaire", ce qui signifie que les banques conservent une marge de manœuvre. Une précision en forme de lot de consolation car les banques  n’avaient pas vraiment le choix : si elles ne coopéraient pas, l’Allemagne menaçait d’aller au clash et de déclarer la Grèce en faillite. Sans soutien des Etats, les banques auraient alors perdu toutes leurs billes, et non la seule moitié.

En échange d’une recapitalisation

Pour compenser l’effort consenti en Grèce, l’eurozone a entériné la recapitalisation des banques, une étape déjà nécessaire et bientôt obligatoire. Les règles du jeu vont en effet bientôt changer pour les banques : pour prêter 100 euros, elles devront bientôt conserver dans leur coffre 9 euros de garantie.

Or les banques n’ont pas toutes assez de liquidités pour respecter ce ratio de 9%. Elles vont donc devoir augmenter leur capital : l’argent frais devrait être récolté en bourse, c’est-à-dire auprès d’investisseurs privés. Mais si ces derniers boudent, l’Etat a promis de leur venir en aide.

Les besoins en argent frais s’élèveraient à 3,4 milliards d'euros pour la Banque Populaire/Caisses d’épargne, 3,3 milliards pour Société Générale et 2,1 milliards pour BNP Paribas, selon les estimations de l'Autorité bancaire européenne (EBA). Le Crédit Agricole n'aurait pour sa part pas besoin d'augmenter son capital.

Les marchés rassurés, les actions bancaires décollent

Si le renoncement des banques à la moitié de leurs créances en Grèce va peser sur leur comptabilité, l’assurance d’être recapitalisées rassure les investisseurs. D’autant que les valeurs bancaires ont été particulièrement malmenées pendant la crise, de nombreux analystes estimant qu’elles sont aujourd’hui sous-évaluées.

Les marchés ont donc accueilli avec satisfaction l’accord européen : à 13 heures, BNP Paribas, progressait de 16%, Société Générale de 16% et Crédit agricole de 22% !