Avec mes voisins, c'est bonjour bonsoir

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De l’aide, près de chez moi

De l’aide, près de chez moi

 

Il fut un temps où il était pratiquement impossible de s’en tenir là. Dans les campagnes, les petites villes et les quartiers des grandes villes, il valait mieux s’entendre avec ses voisins et nouer avec eux des liens.

 

Les voisins représentaient l’entraide et la solidarité qui facilitaient d’innombrables tâches, par exemple les travaux saisonniers en milieu rural ou l’aide en cas de maladie. L’isolement des uns, la pauvreté des autres y étaient pour beaucoup. Surtout, la mobilité de tous était très réduite et les personnes susceptibles de fournir de l’aide – le médecin, le pharmacien, l’épicier, le notaire, le prêtre, le gendarme – étaient loin. La proximité dictait la nécessité de ces liens.

 

Bien sûr, le tableau n’était guère idyllique. Les voisins se fâchaient, se jalousaient et s’espionnaient. Et il ne faisait pas bon, en ces temps où « tout le monde connaissait tout le monde » d’être « différent », « pas de chez nous » ou « marié de la main gauche ».

 

 

 

 

L’anonymat, c’est la liberté

Le train d’abord, la banalisation de la voiture personnelle ensuite, et surtout une mentalité individualiste - chacun a le droit d’être ce qu’il veut devenir - et une nouvelle conception du respect de l’intimité des gens ont entièrement changé les rapports entre voisins.

 

Le train permet de partir de chez soi pour faire sa vie à sa façon ailleurs. La voiture permet d’habiter le quartier de son choix, quitte à aller faire ses courses à 20 km de chez soi et à aller voir ses amis à l’autre bout de la ville. La proximité ne dicte plus la nécessité de liens avec les voisins.

 

La liberté de chacun y gagne, garantie qu’elle est par l’anonymat. Le respect de la vie privée aussi. Chacun est chez soi et a bien assez à faire à s’occuper de ses propres soucis. Seulement voilà : la solidarité comme le souci de l’autre y perdent.

 

 

Passer son chemin

Bien sûr, certaines continuent à faire connaissance avec leurs voisins. Quelques menus emprunts et gestes d’entraide tissent des liens. Mais il y a toutes ces choses que l’on devine : la voisine qui galère à élever seule ses enfants, l’étranger qui sort à peine de la chambre sous le toit de l’immeuble, les cris « anormaux » que l’on entend parfois. On se dit bonjour-bonsoir et on passe son chemin.

 

 

 

D’autant plus que le mauvais voisin existe toujours. Celui-là ne pense qu’à vous, obsédé qu’il est par vos moindre gestes qu’il transforme en autant de déclarations de guerre. Il est infernal. Décidément, mieux vaut s’en tenir au bonjour-bonsoir.

 

Pourtant, de temps à autre, nous sommes choqués. Dans un immeuble une personne meurt seule et n’est « découverte » que quelques jours après. Une grande chaleur estivale ou une inondation révèlent de pénibles solitudes à votre porte. Une ambulance arrive, on ne sait pourquoi, devant l’immeuble. Des policiers font irruption à l’aube à l’étage supérieur. Et l’on se dit qu’on ne connaît pas son voisin de palier tandis que l’on a des amis autour du monde …

 

 

 

 

La bonne distance

Certains s’en inquiètent et veulent réagir. Ils organisent une fête annuelle des voisins. Ainsi voisiner demande aujourd’hui un effort sur soi, une prise en main d’un événement, la force de convaincre les voisins. Tout cela est heureux mais est-ce vraiment voisiner ? C’est une façon moderne de voisiner dont le premier bénéfice est de briser l’anonymat. Se connaître, même de façon minimale, permet de « se compter », de savoir un peu « qui est qui », ce qui est fort utile en période de crise. Mais qui ne change rien au fond.

 

Voisiner exige de poursuivre l’effort tout au long de l’année. Cela n’est pas simple. Car aller vers le voisin et s’ouvrir à lui, avec le risque de se révéler, éveille la crainte de l’intrusion dans sa vie privée et la crainte d’une intimité non désirée.

 

Un voisinage moderne est à inventer. Il doit trouver ses marques entre d’une part le bonjour-bonsoir, qui est une courtoise indifférence et, d’autre part, l’indiscrétion et l’envahissement. C’est difficile mais indispensable à une société qui se veut civilisée, c’est-à-dire soucieuse de l’autre.

 

 

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