Areva : des soupçons d'escroquerie autour du rachat d'UraMin ?

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www.boursier.com , modifié à
Un soupçon de délit d'initié avec des opérateurs boursiers ayant eu connaissance très tôt de l'OPA plane, d'après un rapport de la société Apic que s'est procuré 'Le Parisien'...

L'OPA d'Areva sur la société minière Uramin, en juin 2007, s'est faite dans des conditions "extrêmement douteuses", estime une étude réalisée par la société de conseil Apic, à la demande Direction de la protection du patrimoine du groupe nucléaire public. Selon ce rapport, révélé ce matin par 'Le Parisien', "il y a un faisceau d'indices sérieux et concordants qui démontrent qu'Areva a été victime d'une escroquerie". L'auteur du rapport, Marc Eichinger, directeur d'Apic, relève ainsi des nombreux "éléments troublants" dans l'OPA sur UraMin, à commencer par "un soupçon de délit d'initié, avec des opérateurs boursiers ayant connaissance très tôt de cette future OPA". L'opération s'est ainsi "préparée sans exigences de confidentialité", entraînant le quadruplement du cours de l'action UraMin pendant les 6 mois précédant l'acquisition, sa capitalisation passant de 300 ME en 2006 à 1,8 MdE en 2007... Rappelons qu'Areva, qui a déboursé 1,9 MdE pour racheter UraMin, a été contraint de passer sur l'exercice 2011 des provisions pour dépréciation de 2,36 MdsE, dont 1,46 MdE sur UraMin, soit 80% de son prix d'achat ! Par ailleurs, on a appris hier que le versement des indemnités de départ d'Anne Lauvergeon, PDG du groupe au moment de l'opération, vient d'être suspendu, en attendant les conclusions d'une nouvelle enquête interne sur l'acquisition d'UraMin... M. Eichinger s'interroge aussi sur le rôle de Daniel Wouters, directeur de la division des mines chez Areva au moment de cet achat, et qui a été recruté "du jour au lendemain" alors que d'ordinaire, "quand une entreprise de ce calibre cherche un responsable, le processus est long". Le dirigeant d'Apic soupçonne aussi l'existence d'un conflit d'intérêt, M. Wouters étant aussi responsable d'un société minière en Afrique, Swala Resources, au moment de son arrivée chez Areva. Toutefois, Apic n'a "pas pu prouver d'enrichissement personnel indu" de la part du dirigeant. Enfin, Apic note que l'achat d'UraMin a été justifié en interne par "une importante capacité de production annuelle et cumulée", alors que les réserves d'UraMin se sont révélées très inférieures aux attentes et n'ont pas pu être exploitées.... Or, l'évaluation des réserves d'UraMin n'avait été faite que par une société, SRK, rémunérée par le vendeur ! "Aucune équipe d'Areva n'est dépêchée sur place et le groupe français ne demande même pas une expertise indépendante au BRGM (Bureau de recherche géographique et minier) contrôlé par l'Etat..." relève M. Eichinger. Enfin, selon le consultant, des informations mensongères ont été publiées sur UraMin "jusqu'au moment où il n'était plus possible de les cacher". Ainsi, le 26 février 2008, la PDG Anne Lauvergeon affirmait encore aux actionnaires du groupe que le site d'UraMin en Namibie, serait en production un an plus tard", alors que ces mines n'ont jamais été mises en production !...