À la cuisine, c'est relax, on mange, on se parle...

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Une cuisine « montrable » est à la fois propre et ordonnée. Mais reconnaissons-le, le reste du temps, c’est-à-dire presque tout le temps, elle est l’une des coulisses de la maison.

Une cuisine « montrable » est à la fois propre et ordonnée. Mais reconnaissons-le, le reste du temps, c’est-à-dire presque tout le temps, elle est l’une des coulisses de la maison.

 

 

 

 

 

 

L’évier, le robinet, la poubelle…

 

C’est qu’elle est avant tout l’endroit où les aliments sont rendus propres à la consommation. On les trie, on les lave, on les garde, on les jette tous les jours. Un vrai champ de bataille où le déchet et la saleté sont des ennemis qu’il faut sans cesse combattre et cacher en attendant de pouvoir s’en défaire. La propreté en est la valeur cardinale, à tel point qu’une cuisine sale dévalorise tout ce que ce terme recouvre : l’endroit, l’action de cuisiner et la nourriture qui en résulte.

 

 

 

 

Travailler de ses mains

 

À la cuisine, on manipule et on transforme des matières. Les couleurs et les parfums dominent. On y assemble et marie des textures, liquides et épices et il en sort – on l’espère toujours et c’est alors magique ! – de belles et bonnes choses à manger.

 

Ce territoire reste humble. Car la cuisine quotidienne, quoique fondamentale, est encore aujourd’hui considérée comme une occupation subalterne. D’ailleurs, à la maison, ce sont surtout les femmes – longtemps socialement invisibles – qui s’en occupent ! Tout cela est aussi une histoire de dévouement et d’amour. L’art féminin de bien cuisiner pour la famille est un art du don de soi et de son temps. Ainsi les femmes, hier comme aujourd’hui, tissent-elles et entretiennent-elles les liens familiaux.

 

 

 

 

Entre soi et sans façon

 

La cuisine, c’est surtout l’endroit de la famille et des amis les plus proches ! C’est pour manger entre soi ou à la bonne franquette et pour se parler sans façons. Manger ensemble, parler ensemble : le plaisir est double. Il nous amène à nous souvenir des liens entre la cuisine et… les pratiques amoureuses ! Car l’être aimé se laisse parfois, de manière figurative, dévorer comme un aliment délectable. On dit alors « mon petit lapin », « mon chou » ou « je vais te manger » !

 

 

 

 

Ce qui est beau pour la famille

 

Les styles commerciaux de cuisine varient et chacun y va de sa préférence. Mais on laisse voir dans sa cuisine ce qui ne va pas s’exposer ailleurs : les dessins des enfants, les bibelots kitsch, les photos amusantes de vacances. L’esthétique de la cuisine est domestique. Destinée, en somme, au cercle de famille.

 

D’autant plus qu’il y traîne tant de choses ! Des factures, du courrier publicitaire, les journaux qu’on se promet de lire un jour, un peu (ou beaucoup) de vaisselle qui languit dans l’évier, un torchon plus très frais ! Ce n’est pas qu’on soit négligent. C’est simplement que le « bon goût », si tyrannique au salon, se relâche et qu’on se sent, dans cette pièce, autorisé à se laisser un peu aller, le temps de se décider à s’occuper des innombrables débris et détails de la vie quotidienne.

 

 

 

 

Ça sent bon !

 

Mais c’est aussi un royaume enchanté, plein des promesses merveilleuses des nourritures que l’on a vu se faire et que l’on a aimé enfant. Dans la cuisine de l’enfance, toutes les nourritures sont naturelles et vont de soi et cela est rassurant. On est en pleine zone de confort.

 

Et, de nos jours, en zone de découvertes. Car hier, chacun mangeait chez soi comme sa culture le lui avait enseigné. L’éducation du goût était une affaire locale intimement liée aux produits et aux saisons du pays. La nourriture de pays lointains fait aujourd’hui partie de la nôtre, le transport d’aliments d’un continent à l’autre fait fi des saisons. Du même coup, la cuisine s’ouvre sur le vaste monde.

 

 

 

De l’art culinaire et des hommes

 

Aux femmes la cuisine quotidienne, aux hommes la cuisine festive. Aux femmes le fourneau de la cuisine familiale, aux hommes le piano des grands restaurants. C’était ainsi et, dans l’ensemble, cela le reste. Mais les choses bougent. Les hommes entrent lentement, en rangs hésitants et dispersés, dans la cuisine familiale. Les femmes n’en sortent pas encore tout à fait mais elles cèdent plus volontiers leur place.

 

 

 

 

Et voilà que nos cuisines se font une beauté. Quand les moyens financiers le permettent, elle s’aménage en « pièce à vivre ». Comme la salle de bains, elle se montre, à présent. Plus encore : le maître et la maîtresse de maison se mettent au fourneau devant amis et invités. Nous sommes dans le ludique et le festif.

 

Est-ce à dire que la cuisine est sortie des coulisses ? Non. Car elle a beau s’ouvrir et tenter de prendre des airs de salon, elle reste l’espace du quotidien de la famille, quelque peu encombré et désordonné. Sur la porte du frigo, les étagères et les coins des comptoirs s’étale une esthétique de la vie quotidienne qui trahit les liens familiaux.

 

La lutte du propre contre le sale se poursuit. L’éternelle recherche de l’ordre aussi. La cuisine est aujourd’hui plus détendue, plus sociable, plus ouverte. Mais elle reste une cuisine à part entière.

 

 

 

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