Vacances : surmonter sa peur de l'avion en trois étapes

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Prendre l'avion angoisse près de 30% de la population française © pixabay.com / Free-Photos / Europe 1
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Marthe Ronteix , modifié à
L'avion fait partie des moyens de transport les plus sûrs au monde. Et pourtant, un Français sur trois craint de le prendre. Une angoisse qui peut pourtant être apprivoisée seul ou avec l'aide d'un expert.

À l'approche des vacances scolaires qui débutent le 6 juillet, certains s'imaginent déjà allongés sur leur serviette à l'autre bout du monde tandis que d'autres ont des sueurs froides rien qu'à l'idée de devoir prendre l'avion pour atteindre leur destination. Une angoisse qui touche environ 30% de la population, selon les estimations de Velina Negovanska, psychologue et fondatrice du Centre de Traitement de la peur de l'avion.

L'aviophobie ou aérodromophobie s'exprime par de nombreux symptômes physiques comme le cœur qui s'emballe, les mains qui deviennent moites, des troubles du sommeil à l'approche de la date de décollage, des suées etc. Alors si vous êtes concerné par ces manifestations désagréables et une peur irrépréhensible, Europe 1 vous propose un parcours en trois étapes pour gérer votre angoisse de l'avion.

1 - Identifiez de quoi vous avez peur

Lorsque vous vous imaginez dans un avion, que craignez-vous en particulier : ne pouvoir quitter l'appareil en cas de besoin, attraper des maladies, faire une crise d'angoisse ? "Avoir peur de l'avion" recouvre des réalités très diverses. Pour parvenir à dompter cette peur, vous pouvez commencer par faire un premier travail d'introspection, avant de recourir éventuellement à un spécialiste.

Ces peurs peuvent être regroupées en quatre catégories, selon les observations de Velina Negovanska, psychologue clinicienne spécialisée dans le traitement des phobies et la gestion de l'anxiété :

- la peur du crash et de mourir

- la crainte d'avoir peur et donc de subir ses manifestations physiques (les mains moites, le rythme cardiaque qui s'accélère)

- l'angoisse de perdre le contrôle

- les phobies qui sont projetées sur le voyage en avion mais qui n'y sont pas directement liées.

Dans cette dernière catégorie, on trouve notamment la claustrophobie (la peur de se retrouver dans un endroit clos), la peur du vide, la peur d'être contaminé par des microbes, l'agoraphobie (la peur des espaces dont on ne peut s'échapper pour se mettre en sécurité), la peur de se retrouver seul... Ces phobies ne sont pas réservées aux voyages en avion et s'expriment souvent aussi dans la vie quotidienne.

2 - Demandez-vous ce que cette angoisse veut dire de vous

Une mauvaise expérience. Toujours dans le cadre de cet exercice d'introspection, vous pouvez ensuite rechercher, dans votre histoire personnelle, l'origine de cette peur. Elle peut être liée directement à une mauvaise expérience lors d'un vol en particulier (des turbulences, un atterrissage un peu brutal, une maladie survenue au cours d'un voyage etc).

Une association d'idées avec l'avion. Mais cette peur peut aussi provenir d'un événement personnel que vous avez associé au voyage en avion comme une séparation, un état de stress général, un traumatisme survenu juste avant ou juste après un vol… Marie-Claude Dentan, psychologue et auteur de Comment ne plus avoir peur de l'avion, parle alors de "phobiques", ces personnes "qui ont placé dans l'objet 'avion' toutes les peurs qu'ils peuvent éprouver dans leur vie". Le cerveau a alors associé ces petits événements désagréables au voyage en avion et active ainsi un système de défense en créant un sentiment de peur dès que vous vous retrouvez dans une situation similaire.

Une peur révélatrice d'un trait de caractère. Les peurs qui se réveillent en vous lorsque vous prenez l'avion peuvent également être révélatrices d'un trait de votre caractère. La peur de perdre le contrôle peut, par exemple, révéler une difficulté à lâcher prise et à accepter de faire confiance à quelqu'un d'autre (l'équipage dans le cas d'un avion). C'est sans doute sur cet aspect qu'il faudra alors travailler, plutôt que sur la peur du voyage en avion en lui-même. Et pour cela, vous pouvez vous adresser à un spécialiste.

3 - Trouvez la méthode qui vous convient en fonction de votre degré d'angoisse

Si l'angoisse peut être contrôlée : faites des gestes simples  À la veille du départ, si votre angoisse n'est pas insurmontable, vous pouvez adopter quelques gestes pour vous apaiser. Pensez, par exemple, à faire une bonne nuit de sommeil et à manger léger. "Évitez tous les excitants comme le café, le thé, les sodas ou bien encore l'alcool ou les tranquillisants [qui augmenteraient le risque de phlébite selon l'OMS]", détaille Marie-Claude Dentan à LCI. Emportez aussi avec vous quelque chose pour vous occuper l'esprit comme un livre, de la musique, un jeu.

Une fois monté dans l'avion, n'hésitez pas à prévenir le personnel de bord que vous êtes stressé. Hôtesses et stewards seront les mieux à même de répondre à vos questions sur le déroulement du vol et le fonctionnement de l'appareil.

Au moment du décollage. Ce moment est souvent le plus créateur d'angoisse. Pour contrôler vos angoisses, vous pouvez faire un exercice de respiration, conseille encore Marie-Claude Dentan. Posez vos mains sur votre abdomen, fermez les yeux et respirez profondément et lentement par le nez. Observez le flux et le reflux de l'air qui traverse votre nez et emplit vos poumons. "Le décollage ne dure que trois minutes", rappelle la spécialiste. "C'est juste un mauvais moment à passer, il faut juste éviter d'y penser." Vous pouvez renouveler cet exercice autant de fois que nécessaire au cours du vol.

En cas de turbulences. La psychologue Patricia Furness-Smith conseille dans son ouvrage Flying with Confidence ("Voler en toute confiance") d'appliquer la "règle des 4V" : "réagir" pour éviter de se laisser submerger par la peur, "réguler" sa respiration, "se relaxer" et "se remémorer" des souvenirs agréables.

Si l'angoisse est plus forte : faites des exercices en amont du départ. La "cohérence cardiaque" peut également être une solution - qui peut d'ailleurs s'appliquer à toutes les formes d'angoisse. Il s'agit de réguler ses cycles respiratoires sur une cadence particulièrement. Par exemple, inspirez pendant quatre secondes et expirez pendant six secondes. Cet exercice permet de ralentir le rythme cardiaque et de diminuer la pression artérielle. Le cerveau interprétera alors ce "tempo respiratoire comme émotionnellement neutre", explique la psychologue Velina Negovanska à Marie Claire. Mais cet exercice demande de l'entraînement. La psychologue conseille donc de le pratiquer tous les jours plusieurs semaines avant le décollage.

Si la peur confine à la phobie : participez à un stage avec des spécialistes de l'aéronautique. Vous pouvez également effectuer un stage de gestion de la peur de l'avion. De nombreuses compagnies aériennes, dont Air France (pour 680 euros), en proposent. Il s'agit à la fois de mieux connaître l'avion techniquement et de se confronter à sa peur à bord d'un simulateur de vol. Car pour les spécialistes, cesser de prendre l'avion ne fait que renforcer cette peur. Le Centre de Traitement de la Peur de l'Avion propose également des stages en France, en Belgique et en Suisse qui peuvent être remboursés par certaines mutuelles (430 euros) ou financées par les entreprises au titre de la formation professionnelle.

Si la peur est plus profonde : consultez un spécialiste. Si votre peur vous empêche de voyager autant que vous le voudriez et pose de réels problèmes dans votre quotidien, vous pouvez entamer un travail en profondeur. Les thérapies comportementales et cognitives, la relaxation, la sophrologie ou encore l'hypnothérapie (retrouvez nos conseils sur ce qu'il faut savoir avant de se lancer) peuvent vous aider à traiter cette angoisse sur le long terme. Et pour connaître la méthode qui vous correspond le mieux, n'hésitez pas à consulter votre médecin traitant qui saura vous orienter.