Yves Coppens, découvreur de Lucy : "Le monde entier s’est attaché à elle"

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A.D , modifié à
Le paléontologue est revenu, samedi au micro d'Isabelle Morizet, sur sa découverte du squelette de Lucy en 1974. Une trouvaille qui a marqué l'Histoire de l'Humanité.
INTERVIEW

A 83 ans, rythmés d'aventures, le paléontologue Yves Coppens publie Origines de l’homme, origines d’un homme : Mémoires. Invité dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, le scientifique est revenu sur l'un des grands moments de sa carrière : la découverte de l'australopithèque Lucy, en 1974, dans le désert éthiopien.

"Il est devenu vivant". A l'inverse de certains de ses collègues qui ont fait des fouilles toute leur vie sans rien trouver, Yves Coppens a eu la chance de faire une découverte de taille. Un squelette d'un mètre, datant de 3,2 millions d'années : Lucy, baptisée ainsi en l'honneur des Beatles. C'est au fin fond du désert d'Ethiopie qu'il fait cette trouvaille. "J’avais travaillé dans le sud du pays sur des couches géologiques tout à fait comparables, de même âge. Je savais à quel âge j’avais à faire. J’avais des chances de trouver des ancêtres de l’Homme."

Il trouve ici 40% du squelette, "52 morceaux déterminables d’un squelette de 206 ossements au total", qui permettent de retracer sa silhouette. Le squelette de Lucy est mis sur pied. "En quelque sorte, il est devenu vivant, Lucy est devenue un petit personnage auquel le monde entier s’est attaché", décrit le paléontologue.

"On l'a bien promue". Pourtant, des squelettes bien plus anciens ont été mis au jour (comme Toumaï, qui aurait environ 7 millions d'années) mais Lucy est restée dans les esprits, comme si elle incarnait la mémoire de l’Humanité. Une donnée qu'explique Yves Coppens : "A l’époque, on l’a bien promue. C’était une petite bonne femme un peu exotique, facile à approcher par sa taille, son prénom, devenue un peu familière." Le squelette repose aujourd'hui à Addis-Abeba, en Ethiopie, sans que l'on ait pu pour l'heure percer le mystère de son ADN.

ADN : serait-il possible de cloner un mammouth ?

Avant de découvrir Lucy, un autre fait d'arme d'Yves Coppens avait été de reconstituer en six mois, à 23 ans, le squelette d'un mammouth qui traînait dans des caisses du musée d'Histoire naturelle depuis des décennies.

Si reconstruire un squelette est possible, l'étape d'après, recréer l'animal, le cloner à partir de l'ADN, reste une utopie à la Jurassic Park, précise le scientifique. "On a trouvé des brins d’ADN d'il y a 50.000 ans. De brin en brin, on arrive à reconstituer théoriquement l’ADN mais pas encore dans sa réalité. Il manque des zones et des zones se recouvrent", explique-t-il.