Yann Moix publie un nouveau roman, "Rompre". 3:17
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Aurélie Dupuy , modifié à
Une fois encore, le nouveau roman de Yann Moix est auto-centré. Dans "Rompre", l'écrivain dissèque sa capacité infaillible à détruire ses relations de couple.
INTERVIEW

Rompre, à l'infinitif, est le nouveau roman de Yann Moix. C'est aussi ce qui arrive invariablement dans les relations personnelles de l'écrivain. Yann Moix écrit donc sur ce qu'il a éprouvé, ce qui lui fait dire que son roman lui correspond "à 99,9%". Invité dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, dimanche, sur Europe 1, il s'est auto-analysé en évoquant le couple, la rupture et l'absence que cette dernière engendre.

Un vide bien trop rempli. "L’autre n’est jamais autant là que lorsqu’il n’est plus là", assène Yann Moix, qui parle d'expérience. "Tout est contaminé par le fait qu’il a été et qu’il n’est plus. Les livres, les meubles, les endroits, les lieux, les musiques, les sentiments, les saisons, la température, le soleil, la pluie… Tout fait écho. Quand on est avec l’autre, on ne pense pas à lui tout le temps. Quand l’autre n’est plus là, tout l’espace est rempli de son souvenir, il est là sans cesse."

Entendu sur europe1 :
Il y a quelque chose de diabolique qui se déploie comme un monstre en moi et qui façonne de la rupture

"La grande illusion". Une situation qui lui fait penser que le sentiment d'étouffer dans une relation est un moindre mal. "Quand on est en couple, on a souvent envie de respirer. On rêve d’être seul. Quand on se retrouve mécaniquement seul, on s’aperçoit qu’autant il est facile quand on est deux d’aller se reposer dans la solitude quelques jours, autant il est impossible quand on est 'un' de se retrouver à deux en claquant des doigts. C’est la grande illusion quand on est à deux de penser qu’on serait mieux seul. Lorsqu’on est deux, on peut partager le monde, on peut voyager, faire l’amour, construire des souvenirs", assure-t-il.

"Une petite musique terrible". Pourtant, malgré cette certitude que le monde est plus vivable à deux, le romancier s'évertue à abîmer les relations, jusqu'à la destruction : "Il y a quelque chose de diabolique qui se déploie comme un monstre en moi et qui façonne de la rupture dans les moments d’extase absolue, de tranquillité, de sérénité. Quelque chose commence à ronger, une petite musique terrible m’annonce que je vais commencer à fabriquer de l’irréversible." Dès les premiers instants, le romancier sait qu'il prépare un grand travail de démolition, par tous les prétextes possibles. Jusqu'au moment "où la personne se sent tellement esseulée, abandonnée, humiliée, insultée, que même si elle vous aime encore, sa raison et son orgueil lui susurreront de ne pas faire deux fois la même erreur", continue le romancier.

Entendu sur europe1 :
Certains se piquent, certains boivent. Moi, ma manière de me maltraiter, c’est de sécréter ces ruptures, qui me mettent à terre à chaque fois

"Cercle vicieux". Lui-même pense que ce travail de sape à un rapport avec "une pulsion de mort". "Certaines personnes s’auto-flagellent ou opèrent sur eux des scarifications. Certains se piquent, certains boivent. Moi, ma manière de me maltraiter, c’est de sécréter ces ruptures, qui me mettent à terre à chaque fois. Je vois très bien ce que je fais en le faisant. J’obtiens enfin la dose de souffrance dont je pense qu’elle m’est dévolue (…) C’est un cercle vicieux dont j’ai essayé de sortir à plusieurs reprises, notamment grâce à la psychanalyse". "Et ça ne marche pas", conclut le romancier.