"Tu iras au paradis", le court-métrage qui entend sensibiliser sur la radicalisation des jeunes

Rost, sur Europe 1
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Anaïs Huet , modifié à
"Tu iras au paradis", le court-métrage du rappeur Rost, tourne dans toute la France depuis le mois de mars. Son but : prévenir la radicalisation chez les jeunes, notamment des "quartiers". 
INTERVIEW

Dans les écoles, les associations, les MJC, les missions locales, les centres éducatifs, les salles de cinéma… Cela fait un mois que le court-métrage Tu iras au paradis, réalisé par le rappeur français Rost, enchaîne les diffusions partout dans le pays. 

En 11 minutes et 35 secondes, ce film raconte l'histoire de Rémi, à peine majeur et déjà radicalisé. Le jeune homme fait partie d'un commando terroriste et est prêt à se faire exploser dans une brasserie bondée. C'est alors que Nabil, joué par le comédien Smaïn, le reconnaît, s'invite à sa table et engage la discussion. Un coup de poing, sans fioriture, pour dépeindre le piège de la radicalisation dans lequel certains esprits plus vulnérables risquent de tomber.

"TU IRAS AU PARADIS" Bande-annonce from Rost ADOM on Vimeo.

"D'autres issues que le côté obscur de la force"

"En tant que rappeur, je sais qu'on a beaucoup d'influence sur les jeunes car on vient des quartiers. Je pense qu'on a un rôle fondamental à jouer dans tous ces combats. Il faut leur expliquer qu'ils ont d'autres issues que le côté obscur de la force", affirme Rost, au micro de Wendy Bouchard, mercredi sur Europe 1. "Quand j'étais jeune, l'avenir se limitait à la minute d'après. Ces jeunes sont dans cet état d'esprit. Quand on n'a pas de perspective, on n'a pas d'horizon", témoigne le rappeur, écrivain et réalisateur, pour qui "l'éducation est la base de tout."

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Car Rost lui-même a connu la galère, la rue, l'errance et le désespoir. "Je me rappelle quand j'étais jeune à Belleville, il y avait beaucoup de barbus qui venaient nous voir pour nous dire : 'Regardez dans quoi vous vivez, regardez comment vous êtes habillés. On va vous aider'. Peu à peu, ils emmenaient certains dans leur jeu. Si on n'est pas assez solide pour voir les choses, c'est très compliqué", observe-t-il.

L'équipe du film personnellement touchée par les attentats

Cette histoire personnelle le relie personnellement à plusieurs victimes des attentats de 2015. "J'ai pas mal d'amis qui ont été assassinés et d'autres qui ont été touchés de très près, notamment le gérant de l'hypercasher qui a pris deux balles dans le bras. Il y a 25 ans, c'est son frère et lui qui m'ont permis de sortir de la rue. Son frère est le parrain de mon fils et le garant de mon appartement", indique-t-il pour attester de leur proximité. "Le 13 novembre, ma maquilleuse a aussi pris plusieurs balles sur la terrasse de La Belle Equipe, alors que l'on rentrait du tournage d'un court-métrage qui s'appelait Et si on s'en sortait, qu'on avait écrit au lendemain des attentats de janvier. Elle a été opérée et ils ont réussi à la sauver", raconte-t-il aussi.

Aujourd'hui, plus que jamais, c'est le moment de sensibiliser efficacement les jeunes à ces problématiques. Interrogé par Wendy Bouchard, Smaïn, qui a lui même perdu "un très proche au Bataclan", est déterminé à "éveiller les jeunes à la réalité sociale, au vivre-ensemble."

L'équipe de Tu iras au paradis espère maintenant que les associations et collectivités feront la démarche de les solliciter pour venir présenter le film, et engager des débats après la projection.