Tahar Rahim dit son admiration pour Jean Gabin : "C'était un peu notre Brando"

Tahar Rahim
Tahar Rahim était l'invité de Michel Denisot, samedi sur Europe 1 (photo d'archives). © AFP
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Margaux Lannuzel
Invité de Michel Denisot dans "Icônes", samedi sur Europe 1, l'acteur Tahar Rahim a loué le "naturel" de Jean Gabin, comédien auquel il s'est identifié dès l'enfance et qu'il a conservé comme modèle au début de ses études de cinéma.
INTERVIEW

Près de 80 ans et mille évolutions du cinéma les séparent. Pourtant, lorsqu'il doit citer un comédien à qui il s'identifiait pendant ses études, Tahar Rahim nomme spontanément Jean Gabin, un acteur "proche du réel". Invité de Michel Denisot dans Icônes, samedi sur Europe 1, l'interprète de Malik dans Un Prophète, a dit toute son admiration d'un monument du cinéma français, intemporel car terriblement moderne à ses yeux. 

"Une passation, ou plutôt une révolution"

"Je me souviens d'un film notamment, qui m'a beaucoup marqué, qui s'appelle Le jour se lève de Marcel Carné [sorti en 1939, ndlr]", commence Tahar Rahim. "Il y a le grand Jules Berry, qui est un immense acteur, et encore plus à cette période-là. Et puis Gabin, qui est encore jeune. Il arrive et ils ont une scène avec Arletty, tous les trois au comptoir d'un bar." 

Tahar Rahim décrit alors "le choc de deux façons de jouer, mais de deux générations différentes, comme s'il y avait une passation, ou plutôt une révolution". "Gabin apporte un parler qui vient de la rue et aussi une façon de se mouvoir, de regarder et une aisance… C'était un choc assez fort, qu'on peut souvent observer, en général, dans les changements majeurs du cinéma."

Celui qui joue un assassin sans pitié dans la nouvelle série Netflix Le Serpent établit ainsi une analogie avec un cinéma plus ancien encore. "Ça existait déjà dans le muet : j'avais vu un film qui s'appelait L'argent, de L'Herbier [sorti en 1928, ndlr], où on a une jeune actrice et un acteur un peu plus âgé, et on sent déjà qu'il y a une différence de jeu."

"Un cinéma dans lequel je pouvais un peu m'identifier"

Outre cette "différence", c'est le côté crédible du "anti-héro" Jean Gabin qui a immédiatement plu au jeune Tahar Rahim. "Je trouvais que c'était un peu notre Brando [Marlon Brando, l'acteur américain du Parrain, ndlr]. Quand je le regardais et que je regardais certains films hollywoodiens de la même époque, il était plus naturel, plus vrai, plus proche du réel."

"Et c'est vrai que le cinéma qu'il faisait était très social", poursuit l'acteur d'origine algérienne, benjamin d'une famille modeste de 10 enfants. "Je pense que c'était un cinéma dans lequel je pouvais un peu m'identifier alors que dans le cinéma français de l'époque de mon enfance, je n'y arrivais pas puisque la représentation des gens issus de ma strate sociale ne ressemblait pas à ceux qui étaient mes voisins ou que je voyais par la fenêtre."