Sylvie Testud : "Je n'aurais pas pu être une 'femme de'"

Sylvie Testud est à l'affiche de Alberto Giacometti, the final portrait, un film qui sort ce mercredi dans les salles.
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Sylvie Testud incarne Annette, la femme et la muse d'Alberto Giacometti dans le nouveau film de Stanley Tucci, Alberto Giacometti, the final portrait. Une femme qui accepte tous les sacrifices pour rester avec son mari. 

Elle a été la meilleure amie d'Edith Piaf, Françoise Sagan ou encore Christine Papin, l'une des deux sœurs employées de maison qui avaient assassiné leurs patronnes. Elle incarne désormais une autre figure féminine complexe : Annette, la femme et la muse de l'artiste Alberto Giacometti. Elle est venue en parler sur Europe 1 dans Un dimanche de cinéma.

Un interminable portrait. Sylvie Testud est à l'affiche du nouveau film de Stanley Tucci, Alberto Giacometti, the final portrait, qui sort mercredi dans les salles. Nous sommes en 1964. Le peintre et sculpteur est dans son atelier parisien. Il propose au journaliste américain, James Lord, de lui tirer le portrait. Celui-ci accepte, pensant que ça va durer quelques heures ou quelques jours. 

"Giacometti aussi pense que ça va aller assez vite", précise Sylvie Testud. "Mais finalement, une fois que James Lord est assis sur la chaise en face de lui, dans l’atelier, il se dit qu'en fait il y a autre chose derrière. Et plus il essaie d’en tirer une vérité, une profondeur, et plus ça se décale. Et donc ça dure 18 jours !"

"Il est tombé amoureux de son art". Annette est le modèle de l'artiste, sa muse. Ils tombent amoureux alors que Giacometti n'est pas encore connu. Puis, il a connu une célébrité soudaine et Annette a continué d’aimer cet homme qui lui échappait de plus en plus. "La passion de Giacometti est devenue de plus en plus dévorante, ce qui laissait peu de place à la vie quotidienne et à l'humanité. En quelque sorte, il est tombé amoureux de son art."

Annette s'accroche et accepte tout. "Elle veut rester dans cet univers, quelle que soit sa place", analyse l'actrice. "Elle accepte ses maîtresses mais aussi le fait qu'il ne soit même plus jaloux. Elle peut faire ce qu'elle veut, le tromper, hurler, ça n'a plus aucune incidence. C'est terrible d'être désaimée comme ça."

"Je vis avec quelqu'un qui n'est pas artiste". Un film qui interroge l'art, la création mais aussi l'amour et la difficulté d'être avec un artiste ou quelqu'un de célèbre. Un thème qui a une résonance personnelle pour Sylvie Testud : "Je vis avec quelqu'un qui n’est pas artiste", confie-t-elle. "Il est physiquement très beau. Pendant très longtemps, alors que je n’étais pas une actrice très connue, on disait : 'T'as vu le mec de Sylvie...' Ça me blessait beaucoup. Puis les choses ont changé. Et on a dit : 'Tiens, c’est le mec de Sylvie'. C'est insupportable. Heureusement, lui le gère super bien."

Quant à savoir si Sylvie Testud aurait pu être, elle, une "femme de", sa réponse est claire : "Il aurait fallu que je sois bouleversée, anéantie par l'art. Quand on a une passion, on ne peut pas être passionné par la personne, on est déjà passionné par quelque chose."