"Succession" : les dialogues ciselés sont pour partie improvisés

Une bataille pour prendre la tête d'un empire médiatique, des personnages vulgaires, cyniques qu'on adore détester, des dialogues ciselés … Cette semaine, dans SERIELAND, Clémence Olivier vous emmène dans les coulisses d'une série brillantissime : "Succession".

Succession, c'est une série qui m'a bluffée. Elle raconte la bataille entre les enfants d'un magnat de la presse qui rêvent de se hisser à la tête de cet empire. La mise en scène, le jeu d'acteurs sont soignés. Et les dialogues millimétrés… Enfin c'est ce que je pensais. Car les sorties des personnages, cinglantes, percutantes, réalistes, n'ont en fait pas toutes été écrites. Certains dialogues de la série sont même totalement improvisés…Comme ce dîner pour l'anniversaire de Logan Roy, le patriarche, dans la première saison. 

Ce recours à l’improvisation, on le doit à un homme, l'un des chefs d'orchestres de cette série, Adam McKay. C'est lui qui a réalisé le premier épisode de Succession. Il est aussi l'un des producteurs de la série imaginée par Jesse Armstrong. 

Or son registre de prédilection, c'est la comédie. Il a étudié l'improvisation et écrit pendant des années pour le Saturday Night Live (SNL), une émission d'humour américaine. Alors quand il dirige les acteurs et les actrices, McKay cherche l'aspérité, il veut créer le moment que l'on n’attend pas, que ce soit dans un sketch à la télé ou dans un épisode de Succession. Et pour ça, sa technique c’est donc de pousser les comédiens et comédiennes à improviser. 

Mais on ne dirige pas Brian Cox, qui joue Logan Roy, comme on dirige un acteur du SNL rodé à la comédie. En fait, les comédiens de Succession ont pour la plupart une formation classique. Ils ont eu l'habitude de suivre à la lettre leurs répliques. Alors quand McKay leur demande d'improviser, ils sont d'abord décontenancés.Certains refusent même de se prêter au jeu ! 

C'est le cas de Kieran Culkin. Il joue Roman, le plus jeune des frères dans la série. Dans Vulture, il confie avoir été terrifié à l'idée d'improviser. Il a même demandé au réalisateur d'en être dispensé. Sans succès bien sûr. 

Mais le réalisateur ne l'a pas brusqué pour autant. Il l'a pris par la main. Il l'a encouragé, il a continué prise après prise à lui lancer des répliques dont l'acteur devait se saisir à la volée. Et miracle, Culkin a fini par adorer. Comme l'ensemble du casting d'ailleurs. 

A l'écran, ces moments d'improvisations s'intercalent parfaitement avec les dialogues plus écrits. Ils sont impossibles à déceler. C'est pourtant de l'impro quand Roman s'offusque de voir un sénateur démocrate invité au mariage de sa sœur et lâche une obscénité. C'est dans le 9e épisode de la 1ere saison.

Extrait

Quand j'entends fuser ces répliques, je me dis que les acteurs sont vraiment super doués mais aussi que cette façon de travailler a apporté beaucoup à la série. Après tout c'est cette spontanéité qui rend la série réaliste, qui lui donne un autre rythme aussi. A tel point qu'on se croirait presque parfois dans un documentaire sur les Murdoch ou sur l'une des riches familles dont Jesse Armstrong s'est inspiré.

(Transcription)