Laurent Seksis 5:18
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Laetitia Drevet , modifié à
Alors que l'on pensait que Stefan Zweig avait passé ses années d'exil, de 1933 à 1942, sans écrire une ligne de politique, un nouveau recueil de textes inédits rassemble des dizaines de lettres et manifestes rédigés à l'époque et jusqu'ici inconnus du grand public. Auteur de sa préface, Laurent Seksik le présente dans "Culture Médias". 
INTERVIEW

Si vous pensiez bien connaitre Stefan Zweig, vous risquez d’être surpris. Un recueil de textes inédits, Stefan Sweig. Pas de défaite pour l’esprit livre. Écrits politiques inédits (1911-1942), qui paraît le 9 janvier aux éditions Albin-Michel, présente un nouveau visage de l’écrivain allemand, célébrité du début des années 1930, mort en exil en 1942. Auteur de la préface, l’écrivain et dramaturge Laurent Seksik présente vendredi l’ouvrage au micro de Philippe Vandel sur Europe 1.

Biographe de Stefan Zweig, l'écrivain a lui-même été surpris par ces textes inédits. "On a l’image d’un Stefan Zweig pacifiste, humaniste, tenant du non-engagement. Cet ouvrage montre qu’il s’est en fait engagé politiquement", explique Laurent Seksik dans Culture Médias. L’auteur du Joueur d’échecs et de Lettres d’une inconnue a connu un succès fulgurant à la fin des années 1920 et début des années 1930. L’"écrivain des passions amoureuses", comme l’appelle Laurent Seksik est alors "l’auteur le plus lu au monde".

"Il a lutté avec ses moyens"

La tendance change avec l’avènement au pouvoir de Hitler en Allemagne. "Dès 1933, Stefan Zweig, juif, comprend ce qui l’attend, lui et les siens", assure l’écrivain. Zweig s’exile. "De 1933 à 1942, il mène une vie d’errance." Mais alors qu’on pensait que Stefan Zweig avait passé neuf ans à se "reprocher sa lâcheté", "tétanisé par le retentissement que pourrait avoir ses propos", comme l’a écrit Laurent Seksik dans un précédent livre publié en 2010, on découvre aujourd’hui ces archives. 

"Il s’agit de lettres et de manifestes, inédits ou publiés dans quelques journaux de l'époque", souligne-t-il. Laurent Seksik salue un travail riche, rédigé jusqu’à son suicide en 1942, en exil au Brésil, à Pétropolis. "Politiquement il n'a pas pétitionné parce que, et on le saisit à la lecture de ces inédits, il a deviné l'inefficacité. Il avait trouvé plus fort que lui." Laurent Seksik se réjouit d'avoir découvert ces documents, allant à l'encontre d'une apparente résignation. "C’est un homme qui a lutté avec ses moyens."