Au départ, le projet de l’écrivain est simplement d’écrire un chouette petit livre souriant sur le yoga, qu’il pratique depuis toujours. C’était en 2015. Il se rend à un stage de 10 jours un peu particulier. Les participants ne sont pas censés parler entre eux, ils méditent toute la journée, et regagnent leur chambre la tête basse.
Du yoga à la dépression
Emmanuel Carrère part donc pour un reportage littéraire dont il a l’habitude. Il décrit les différentes positions, les techniques de méditation et de respiration, puisque cela va avec. Inspiration, expiration, doucement, en se concentrant sur l’air qui chatouille l’intérieur des narines. Il nous explique ce qu’est le Nirodha ou les Vritti, les pensées parasites.
On en apprend beaucoup, le récit est drôle, intelligent. On se surprend même à regarder sur Internet les éventuels clubs de Yoga dans le coin. Mais soudain le ton change. Et l’auteur aussi. La dépression le rattrape, lui qui se disait presque heureux depuis une dizaine d’années. On bascule alors de l’harmonie zen et ouatée aux affres de la détresse psychique grave. Emmanuel Carrère joue entre réalité et fiction. Il se raconte et touche, en parlant de lui, à l’universel.
Yoga est un grand Carrère, qui fait d’ailleurs figure de favori pour le prix Goncourt.