Pourquoi dit-on "ça me fait une belle jambe" quand on n'en a rien à faire ?

Quelle est l'origine de l'expression "Ça me fait une belle jambe" ?
Quelle est l'origine de l'expression "Ça me fait une belle jambe" ? © Pixabay
  • Copié
Stéphane Bern, édité par Alexis Patri
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Vendredi, il s'intéresse à l'origine de la locution "ça me fait une belle jambe", qui signifie que notre interlocuteur nous donne une information qui ne suscite chez nous… aucun intérêt.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Vendredi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "ça me fait une belle jambe", dont l'origine remonte au 16e siècle.

Quand on vous donne une nouvelle qui ne vous concerne pas plus que ça, ou quand on vous fait un compliment qui ne vous touche absolument pas, une expression est encore parfois employée aujourd’hui : "Ça me fait une belle jambe". Mais pourquoi cette formule ? Pour le comprendre, il faut s'intéresser à la mode masculine de l'Europe du 16e siècle.

En effet, si les vêtements masculins prennent de l'ampleur à la Renaissance, ils vont ensuite au 16e siècle au contraire se resserrer, au point de devenir carrément adhérent aux corps. Sous la ceinture, c'est la mode des chausses collantes, avec des hauts-de-chausses qui se situent entre le genou et la ceinture. Aux genoux, toujours chez les hommes, on peut trouver de la dentelle sur des bas appelés des canons.

"Faire la belle jambe", une affaire d'hommes

Le galbe des jambes fuselées est alors le gage d'une séduction réussie. Les hommes qui se savaient élégants grâce à leurs gambettes faisaient les coqs, on disait qu'ils faisaient "belle jambe". Antoine Furetière, poète du début du 17e siècle, pour parler d'un habit qui ne le met pas en valeur, dit "cela ne me rendra pas la jambe mieux faite".

Au 19e siècle, on arrive à l'expression "faire la belle jambe", pour arriver à la négation ironique "ça me fait une belle jambe". Chez l'homme, la jambe était donc essentielle. Un critère de beauté bien moins essentiel aujourd'hui.