Didier Bourdon 12:27
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Dans l’émission cinéma d’Europe 1, un invité se prête chaque semaine à un questionnaire cinéma sur les films de sa vie. Samedi, c’est l’acteur Didier Bourdon qui a répondu aux questions de Mathieu Charrier, sur les films qui l’ont marqué, de son enfance à l’âge adulte, jusqu’à influencer sa carrière.
INTERVIEW

Tous les samedis dans CLAP !, le spécialiste cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier, fait le tour de l'actualité du septième art. Chaque semaine, un invité se soumet à un questionnaire personnel sur les films de sa vie. Samedi, c’est Didier Bourdon qui s’est prêté au jeu. Son album Le Bourdon sortira le 11 juin, et le premier single Pourquoi tu te mets à la chanson ? est sorti vendredi. L’acteur est revenu sur les films qui l’ont marqué, notamment dans les années 70.

Votre meilleur souvenir en salle ?

Les Trois Frères à Madrid, ou au Japon peut-être. Quand on avait présenté le film au Japon, on nous avait dit que les gens n'allaient pas rire aux mêmes moments qu'en France, parce que les avocats ou les notaires, ils ne connaissent pas. Mais en fait, ils ont rigolé exactement aux mêmes endroits qu'en France. Ça ne m'étonne pas parce que moi, j'ai vu des films de Takeshi Kitano, un humoriste japonais qui a fait des films magnifiques, et ça m'a fait rire aussi.

Votre pire souvenir en salle ?

Festen. J'ai failli sortir tellement ça m'a foutu mal à l'aise, mais dans le bon sens du terme. Parce que le réalisateur nous couillonne bien ! Il y a deux frères, on se dit que c'est celui qui est un peu borderline qui a foutu le bordel et en fait non, c'est celui qui ressemble à Sting qui, d'un seul coup, se lève et chaque fois qu'il tape sur le verre, dit une horreur. A un moment, quand il tape sur le verre, j'ai failli sortir tellement c'était prenant. Mais je suis resté quand même.

Un film dans lequel vous aimeriez vivre ?

Il y en a plein. Quand j'étais enfant, et même aujourd'hui encore, quand je voyais un film du Moyen-Age, je sortais, j'étais sur un cheval avec une armure. L'époque du 17e et du 18e siècle aussi c'est très beau. J'habitais à Biarritz où il y a des monuments de Vauban et j'adorais ça. Avec les grandes fenêtres du 17e, j'avais l'impression de prendre mon cheval, mon épée, d'aller à la rencontre d'une jolie dame. C'est fort le cinéma pour ça. Par exemple, le film La Maîtresse du lieutenant français (1981) est très beau car il mêle les deux époques. C'est assez troublant, parce qu'on aime bien quand on est dans le passé. Et puis dès qu'on revient à la réalité, on est un peu choqué.

Le film que vous avez le plus vu ?

Quand j'étais jeune, j'avais beaucoup aimé Mort à Venise de Visconti (1971). Parce que j'aimais beaucoup cette ambiance, la musique. Et puis, dans le film, il y avait une jeune fille qui ressemblait à la fille dont j'étais amoureux à l'époque. Et puis la poésie, ce côté un peu dégradé, et Visconti quand même ! J'ai aussi beaucoup aimé Le Crépuscule des dieux (1973), qui a très bien vieilli. Mort à Venise, j'ai essayé de le revoir sur petit écran, et c'est difficile. Mais globalement, il suffit que je retombe sur des films pour replonger. Comme par exemple Barry Lyndon (1975) l'autre jour, ou même 2001, l'Odyssée de l'espace. La fin est toujours décevante, mais je crois que ça représente la vie : la fin est toujours décevante.

La plus belle scène de cinéma ?

Peut-être dans César et Rosalie (1972). Entre Yves Montand et Romy Schneider, il y a quelque chose de formidable. En plus, mon papa ressemble un peu à Yves Montand. Je pense aussi au film The Square (2017), avec la scène où l'acteur fait le gorille. La scène me met mal à l'aise, comme Festen, parce qu'on se demande quand est ce qu'il va arrêter. Mais j'aime bien l'audace, et c'est un truc qu'on retrouve dans le comique. Moi, je sais que je l'ai fait, parfois un peu trop, mais j'aimais bien pousser jusqu'au bout. Au cinéma, il faut voir jusqu'où on peut aller, ne pas se brider. C'est souvent ça les grandes scènes de cinéma.

Le film qui vous a le fait plus pleurer ?

Il y en a beaucoup. Aujourd'hui, je pleure plus qu'avant. Mais je ne suis pas le seul, parce que même Flaubert disait qu'en vieillissant, on pleure de plus en plus. Même dans la pub où on voit la grand-mère qui retrouve ses petits-enfants grâce au vaccin, ça me met les larmes aux yeux. Du coup, il y a des moments où je zappe. Par exemple, le moment de Barry Lyndon où il raconte l'histoire de l'attaque des soldats au moment où son enfant va mourir, je ne peux plus regarder ça, c'est fini.

La bande originale qui a le plus marqué votre vie ?

Barry Lyndon encore une fois. Parce qu'il y a plein de morceaux différents. Ça passe de Schubert à un morceau de folklore irlandais que j'adore, il y a aussi un morceau de Mozart. Il y a vraiment une réussite dans l'ensemble.