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Mathieu Charrier, édité par Céline Brégand
Cette semaine, Europe 1 vous conseille trois bandes dessinées : "Le roi des Bourdons", "Ecolila" et "Michel, fils des âges farouches". Trois BD en sélection officielle pour le titre de meilleur album du 47e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême qui aura lieu du 30 janvier au 2 février. 

Si vous ne savez pas sur quelle nouvelle bande dessinée jeter votre dévolu cette semaine, Europe 1 vous donne des idées. Voici trois BD très différentes, sélectionnées pour le titre de meilleur album au festival d'Angoulême.

Une BD animalière loufoque

Dans la BD animalière Le roi des Bourdons, le lecteur suit deux frères, Zola et François. Ils découvrent au journal télévisé qu'un homme vient d'être sauvé par un super héros à la mode qui s'appelle "Hyperclébard". Zola est un peu jaloux de lui, d'autant qu'Hyperclébard est devenu le héros d'une série de bande dessinée dans une maison d'édition où Zola à un petit job mais rêve de devenir auteur.

Un jour, alors qu'il défriche le jardin de la maison de sa maman, Zola sauve un bourdon de la noyade. Pour le remercier, ce bourdon lui propose, avec tous ses autres copains bourdons, de former comme une cape autour de Zola et de le faire voler. Le voilà devenu super héros ! Et "nouveau concurrent" d'Hyperclébard. Zola va pouvoir en plus raconter le quotidien du roi des Bourdons, en BD. La boucle est bouclée.

Certes un peu loufoque, cette BD est surtout l'occasion d'une belle satire du milieu de la bande dessinée et des éditeurs, reconnait son auteur David De Thuin : "En fait, c'est pas une critique, je n'ai rien inventé. C'est juste ce qui se passe, ce que j'ai vu et vécu. À l'époque chez Dupuis, il y avait une équipe commerciale assez incisive qui cherchait l'efficacité et qui vendait des livres comme si c'était du shampooing. Pas beaucoup d'humanité et beaucoup de cynisme."  

David De Thuin a d'abord auto édité cette BD, débutée il y a 15 ans, avant d'être publié chez Glénat. Le roi des Bourdons est sélectionné pour le prochain festival d'Angoulême. 

Une fable écologique 

François Olislaeger a imaginé Ecolila, un nom de BD qui accroche l'écologie au prénom de sa fille Lila. L'auteur se met ainsi en scène le temps d'un après midi à Mexico, en compagnie de sa fille d'une dizaine d'années qu'il voit très peu. Ils s'extirpent d'abord d'un taxi, puis entament une longue déambulation dans un parc, observant les arbres, décryptant toutes les silhouettes et ombres qu'ils croisent, s'amusant à sauter dans les flaques. Au travers de ces gestes banals, le papa tente d'éveiller la fibre écologique de sa fille, de lui faire prendre conscience de l'état actuel de notre monde, mais aussi des solutions qui existent.

Un roman graphique de 240 pages, très touffu mais magnifique. Aucun dessin ne se ressemble, et au fil des pages les cases s'élargissent, se rétrécissent, disparaissent parfois. François Olislaeger a donc imaginé un récit très libre. "J'ai fait ce livre pour ma fille car je la vois très peu et je voulais quand même lui donner quelque chose", explique-t-il. "Il renvoie à sa propre enfance, au moment où j'étais dans les champs, dans la ferme, où le lien avec la nature est tout à fait poreux, évident, direct."

Il ajoute : "Je voyais que ma fille Lila voulait rentrer dans une cage avec les loups, elle cueillait des fleurs, elle se demandait vraiment pourquoi les arbres étaient en prison. J'ai commencé à noter ses petites phrases en la dessinant aussi. C'est la base du livre", note l'auteur. 

Pour la majorité du récit, Ecolila est en noir en blanc, mais quelques pages retrouvent un peu de couleurs à la toute fin. Le livre, publié chez Actes Sud BD, esquisse quelques solutions.

Une balade avec un reporter radio

Michel est dégarni, un brin rondouillard et journaliste précaire, sans emploi stable. Il galère mais il persiste car il est passionné par le reportage radio. Il veut en vivre, ou même en survivre, puisqu'il faut bien le dire, il ne gagne pas grand chose. Mais l'essentiel est ailleurs. Alors on le suit, au cours de petites histoires. Dans ce tome 2 qui s'appelle Michel, fils des âges farouches, le lecteur le suit à la rencontre de Serge l'ornithologue et de Mario, l'ancien terroriste dans l'Italie des années 70 qui s'adoucit car il va devenir grand père. Michel est obligé de se déplacer en YesBus pour couvrir les manifestations de cheminot.

En trame de fond, on retrouve ses vieux parents dont il doit s'occuper et qui pourtant l'énervent mais aussi cette recherche désespérée de l'âme sœur. Michel est un gentil looser, un anti-héros. Mais à travers son quotidien, l'auteur Pierre Maurel croque quelques travers de notre société : "L'idée était de prendre un personnage qui fait de la radio, qui ne parvient pas à vivre de son métier et a besoin de faire des jobs à côté pour manger. C'était un peu pour parler de ce que je vivais en faisant de la bande dessinée et sans parler frontalement de la BD".

Dans chaque album, il y a un petit fil rouge "au travers duquel je fais intervenir des petites scénettes en échos avec ce qu'il se passe aujourd'hui", explique Pierre Maurel. "De toutes ces applis qu'il faut pour tout, de la déshumanisation des services, ce qui rend la vie plus compliquée que ça ne la simplifie." Une BD presque alternative, publiée dans une petite maison d'édition, L'employé du moi.