Le prix Albert-Londres décerné à la journaliste franco-libanaise Caroline Hayet

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Louise Bernard avec AFP, édité par Manon Fossat , modifié à
C'est le prix de journalisme le plus prestigieux en France. Le prix Albert-Londres a été décerné lundi pour la presse écrite à la journaliste Caroline Hayet pour ses reportages sur la vie au Liban après la double explosion à Beyrouth, en août 2020. Des articles publiés dans le journal "L'Orient-Le Jour". Un quotidien libanais francophone.

Le 83e prix Albert Londres, le plus prestigieux du journalisme francophone, a été remis lundi à la journaliste franco-libanaise Caroline Hayek du quotidien francophone L'Orient-Le Jour pour une série de reportages sur le Liban. Le palmarès 2021 du Prix est marqué par la thématique de l'injustice, "matière première des reportages soumis au jury", que "le journalisme transforme en colère", souligne l'association Albert Londres dans un communiqué.

"Promenade dans un Beyrouth en déliquescence""Les premiers jours du reste de leur vie" ou "Ils ont fui la guerre en Syrie... ils sont morts dans les explosions de Beyrouth" : cette "série d'articles aux titres évocateurs emmène le lecteur au bout de l'humanité", salue l'organisme. La récompense reçue par Caroline Hayek, à L'Orient-Le Jour depuis 2014, met également à l'honneur le quotidien libanais francophone lancé en 1924, "ouvert sur les enjeux du monde et soucieux de faire comprendre ce qui se passe au coin de la rue Hamra", ajoute-t-il.

"Cela nous donne de l'espoir"

"Les journaux sont en train de mourir au Liban et L'Orient-Le Jour fait tout pour résister. Pour toute la rédaction, [ce prix] est encourageant, cela nous donne de l'espoir", a déclaré Caroline Hayek qui est également chroniqueuse pour la RTBF et correspondante pour L'Express.

Pour le directeur de L'Orient-Le Jour Michel Helou, "ce prix a une saveur unique". "Longtemps considérée comme la plus riche et la plus libre du Moyen-Orient, la presse libanaise est aujourd'hui faite de désolation. Avec ce prix, nous montrons qu'il est encore possible de faire du journalisme de qualité au Liban et dans la région", a-t-il indiqué. Et "remettre L'Albert-Londres à un journal libanais, c'est consacrer l'universalité de la langue française qui pour nous est aussi une langue libanaise", a-t-il ajouté.

Alex Gohari et Léo Mattei récompensés pour leur documentaire

En audiovisuel, ce sont les journalistes Alex Gohari et Léo Mattei qui ont été récompensés pour leur documentaire diffusé sur France 2 et Public Sénat On the line, les expulsés de l'Amérique, produit par Brotherfilms. Le documentaire raconte l'histoire de Mexicains "qui, après avoir vécu toute leur vie aux Etats-Unis, sont expulsés au Mexique, un pays qu'ils ne connaissent pas car ils ne sont Mexicains que par le bout de papier qu'on leur octroie", décrit Alex Gohari. "Les histoires de migrations et de politiques injustes sont universelles. Nous sommes contents et rassurés que des films qui dénoncent ces politiques migratoires absurdes et violentes soient mis en valeur", ajoute le journaliste.

Enfin, le prix du livre revient à Emilienne Malfatto pour Les Serpents viendront pour toi, aux éditions Les Arènes Reporters. Ce livre enquête sur le meurtre de Maritza, une Colombienne mère de 6 enfants, assassinée dans l'indifférence générale. L'auteure y relate le fléau des assassinats de syndicalistes, responsables associatifs ou simples citoyens qui ne cherchaient qu'à faire valoir leurs droits.

La cérémonie de remise des prix se tenait à Paris, à la Bibliothèque nationale de France. Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 3.000 euros pour chacun des lauréats, qui doivent avoir moins de 41 ans.