Le Conseil d'État annule l'interdiction aux moins de 18 ans du film "Salafistes"

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Le Conseil d'État a jugé que les scènes violentes s'inséraient de manière cohérente dans le documentaire. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP
Le ministère de la Culture avançait que la violence des images présentées dans le documentaire nécessitait une interdiction du film aux mineurs.

Le Conseil d'État a annulé l'interdiction aux moins de 18 ans du documentaire Salafistes, voulue par le ministère de la Culture en raison de la violence de ses images, après plus de trois ans de revirements judiciaires.

Un arrêt de 2017 annulé

Dans sa décision, le Conseil d'État, saisi par la société de production et de distribution de films Margo Cinéma, a annulé un arrêt de la Cour administrative d'appel de Paris du 14 novembre 2017 rétablissant cette interdiction. Elle a également rejeté un appel du ministre de la Culture pour que soit maintenue l'interdiction aux moins de 18 ans.

Documentaire de Lemine Ould Mohamed Salem et François Margolin, sorti le 27 janvier 2016, Salafistes suit les traces de djihadistes au Mali, en Irak, Algérie, Tunisie et Mauritanie. Il est entrecoupé d'images de propagande et de vidéos djihadistes, sans voix off, ni commentaires, et montre aussi de façon très crue l'application de la charia au quotidien.

"Informer sur la réalité de la violence salafiste"

Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture et de la Communication, avait délivré en janvier 2016 un visa d'exploitation au film, assorti d'une interdiction aux mineurs de 18 ans. Une interdiction qui avait été levée en juillet de la même année par le tribunal administratif de Paris. Mais elle avait ensuite été rétablie par la Cour administrative d'appel de Paris en novembre 2017, suite à un appel de la ministre de la Culture (Audrey Azoulay à l'époque). Le coréalisateur du film François Margolin avait alors déclaré être "scandalisé" par l'appel du gouvernement.

Dans sa décision, le Conseil d'État considère que le film "comporte des scènes violentes montrant de nombreuses exactions, assassinats, tortures, amputations, réellement commises" et présente "en parallèle, les propos de plusieurs protagonistes légitimant les actions en cause". Mais, ajoute-t-il, "ces scènes s'insèrent de manière cohérente dans le propos du film documentaire, dont l'objet est d'informer le public sur la réalité de la violence salafiste".