"Larmes blanches" et "Nage libre" : les coups de cœur des libraires

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A.D

Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.

Chaque semaine, des libraires extraient des pépites de leurs rayonnages. Ce samedi, Anne-Sophie Rouveloux de la librairie "Chroniques" à Cachan et Stanislas Rigot de la librairie "Lamartine" à Paris, nous dévoilent leurs choix dans La voix est livre, sur Europe 1.

 

Larmes blanches d'Hari Kunzru, aux éditions JC Lattès

"On a une histoire d'amitié entre deux jeunes : Carter, qui vient d'une famille aisée, qui est plutôt fort en gueule, et Seth, le narrateur qui, lui, vivote un peu et est assez mal dans sa peau. Les deux ont une même passion, la musique, et pas n'importe laquelle, le blues. Un jour, Seth qui se promène à New York, va enregistrer une voix, celle d'un joueur d'échecs. Le chant est un peu macabre, sonne comme du blues. Il se dit qu'il tient quelque chose. Alors, les deux amis vont faire passer le son pour un authentique morceau de 1928. Ils balancent le titre sur la toile. C'est un carton, mais un collectionneur fou - qui souhaite absolument se procurer le morceau - demande où il ont trouvé ça. Ils rigolent au début, sauf que l'homme se met réellement à les harceler. Ils finissent par dire que ce Charlie Shaw, du nom qu'ils ont inventé, n'existe pas. Mais l'homme ne lâche pas. Seth le rencontre dans un bar et l'homme lui révèle alors que Charlie Shaw a bien existé, qu'il le connait et que son nom va leur porter malheur. Deux jours plus tard, Carter est retrouvé tabassé à mort dans la rue."

Pour Anne-Sophie Rouveloux, "c'est une très belle histoire. Plusieurs interprétations sont possibles dans cet ouvrage, sachant que ce n'est ni un roman policier ni un roman fantastique." 

 

Nage libre de Boris Bergmann, aux éditions Calmann-Lévy

"C'est un livre français, le quatrième de Boris Bergmann, tout jeune auteur de 25 ans. On part au fin fond du 19e arrondissement de Paris, dans une barre HLM affectueusement surnommée "La Zone". Il n'y a pas l'ultra-violence de certaines banlieues, la drogue à tous les étages, mais c'est un vrai lieu de misère et de solitude. Dans ce contexte, on découvre Issa, un jeune lycéen qui vit seul avec sa mère qui est femme de ménage. Issa vient de louper son Bac et ne sait vraiment pas quoi faire de sa vie. Rien ne l'intéresse. Il dérive. Il a un ami, qui habite dans l'immeuble d'en face, Elie, un jeune juif qui vient d’emménager chez son beau-père ultra religieux et violent. Elie aussi vient de louper son Bac. On pense roman social et en fait, pas du tout. Elie va montrer à Issa une porte de sortie : la piscine. Si Elie est très sportif, Issa est un grand type tout maigre. Sauf que la piscine pour Issa, c'est quand même un très mauvais souvenir. Mais il décide d'y aller quand même. Le roman s'ouvre alors sur l'initiation. Cette piscine, ce lieu - et pas uniquement le bassin - va être le cadre du dépassement de soi d'Issa qui va devenir un homme dans les semaines qui vont arriver. C'est soutenu par une écriture fiévreuse et lyrique, dans le bon sens du terme. C'est un auteur à suivre." (Stanislas Rigot).