"Into the Wild", "Les Quatre Cents Coups"... Les films de la vie d'Aïssa Maïga

Aïssa Maïga a livré ses coups de coeur du cinéma samedi sur Europe 1.
Aïssa Maïga a livré ses coups de coeur du cinéma samedi sur Europe 1. © Europe 1
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Jonathan Grelier , modifié à
Dans l'émission cinéma d'Europe 1, "CLAP !", un ou une invité(e) se prête chaque semaine à un questionnaire cinéma sur les films de sa vie. Samedi, c'est l'actrice et réalisatrice Aïssa Maïga qui a répondu aux questions de Margaux Baralon sur ses longs métrages mémorables, du plus envoûtant au plus triste.
INTERVIEW

Tous les samedis pendant une heure dans CLAP !, Europe 1 fait le tour de l'actualité du septième art. Chaque semaine, un invité, qu'il soit ou non du monde du cinéma, se soumet à un questionnaire personnel sur les films de sa vie. Samedi, l'actrice et réalisatrice Aïssa Maïga, invitée d'honneur du festival Films de femmes qui se déroule en ligne jusqu'à dimanche, s'est plongée dans ses souvenirs de cinéphile au micro de Margaux Baralon.

Quel est votre meilleur souvenir en salle ?

"Je dirais qu'il y a eu Into the Wild de Sean Penn. J'ai été vraiment bouleversée par le film, surtout sa deuxième moitié, lorsque le personnage qui s'est perdu volontairement dans les grands espaces commence à comprendre, petit à petit, qu'il n'en repartira pas. J'ai aussi apprécié l'esthétique du film, son rythme, son jusqu'au-boutisme et la performance incroyable de l'acteur principal. Pour des raisons aussi très personnelles, je n'arrivais plus à me lever à la fin du film... C'est aussi simple que ça. Je ne sais pas si c'est le meilleur film, mais en tout cas ça a été un des plus marquants pour moi.

Un des meilleurs souvenirs de cinéma est aussi d'avoir vu Maman, j'ai raté l'avion ! au Zimbabwe. Dans la salle, les gens parlaient à Macaulay Culkin, qui joue l'enfant dans le film, pour lui dire où se cachaient les voleurs, où étaient les méchants, ce qu'il devait faire... Je n'avais jamais vu ça ! C'était un truc de fou !

Et le pire ?

J'étais aller voir Ennemi d'Etat, je crois, à Bamako. Donc il faut imaginer une très grande salle avec beaucoup de spectateurs. Mais il faut savoir qu'il y avait aussi de très fréquentes coupures d'électricité. Donc vous regardez un film qui est hyper haletant, avec un suspense à la limite du soutenable, et tous les quarts d'heure il y a une coupure d'électricité. J'ai cru que j'allais crever. C'était insupportable ! 

Le chef-d'œuvre que vous détestez ?

Je dirais Orange mécanique. J'ai essayé de le voir deux fois et ça ne m'atteint pas, ça ne me touche pas, ça ne me parle pas et je ressens même un rejet quasi-total. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas revu, mais je dirais que c'est peut-être une forme de cynisme. Pourtant, je n'ai pas de problèmes avec le fait d'être parfois mise mal à l'aise par un film. Ça peut même faire partie du plaisir du cinéma mais en l'occurrence, je fais un rejet.

Le film que vous avez le plus vu ?

Les Quatre Cents Coups de François Truffaut, sans hésitation. Je ne parle pas des films qu'ont vu mes enfants et que, par la force des choses, j'ai vu des centaines de fois. Mais le film que j'ai vu volontairement énormément de fois, c'est lui. Quand je l'ai regardé pour la première fois, j'avais à peu près l'âge d'Antoine Doinel, le personnage principal. J'étais adolescente et j'ai découvert un film qui avait été tourné bien avant ma naissance, mais qui était moderne.

Ça me semblait très actuel et pourtant c'était tourné en noir et blanc. Je ne connaissais rien au cinéma et je ne savais pas du tout que j'allais devenir actrice. Mais je me souviens que parfois je rentrais de l'école super vite pour regarder ce film. Je trouvais que le personnage ne jouait pas, en fait. Ça avait l'air d'être un documentaire et je trouvais ça incroyable. 

Le film qui vous a fait le plus rire ?

Récemment, j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup, ri devant Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi. Le film est arrivé à un moment où on avait un peu besoin de se détendre avec en toile de fond cette histoire de meurtre en direct de George Floyd et tout ce que ça a entraîné derrière, avec des marches sur la planète entière, des personnes qui ont voulu dire stop au racisme anti-noir de façon très ferme, très visible et très unie. Ce film appartient aussi à ce contexte-là.

Les films sont aussi faits pour ça, pour répondre au réel de façon assez tranchante ou incisive. Je suis aussi très fan de Jean-Pascal Zadi et de l'autodérision qu'il a par rapport à son propre personnage. Il me fait rire ! Avec sa tête, évidemment ses dents, son sourire et la façon dont il l'utilise. Pour moi, c'est comme une sorte de Buster Keaton, un peu immobile. La prouesse, c'est lui. Il n'a rien à faire. Il est très, très fort.

Le film qui vous a fait le plus pleurer ?

C'est un film d'animation, Le Tombeau des lucioles. Oh mon dieu ! On est au Japon et le film raconte l'histoire d'une famille éclatée à cause de la Deuxième guerre mondiale. Il y a ce grand-frère, qui a une dizaine d'années, et qui doit s'occuper de sa petite sœur âgée de cinq ou six ans. Ils sont tout ce qu'ils ont. Ils sont tout l'un pour l'autre... Le réalisateur, Isao Takahata, est décédé il y a trois ans. Avec les artistes, on a parfois ce sentiment de proximité : ce monsieur japonais, je ne l'ai jamais rencontré, mais j'ai senti un vrai sentiment de perte quand il a disparu. 

Quelle est la bande originale de votre vie ?

La musique du Parrain. Elle est quand même intemporelle."