L'écrivaine Éliette Abécassis sort un nouveau roman sur les réseaux sociaux. 1:53
  • Copié
Manon Bernard
La romancière à succès, réalisatrice et agrégée de philosophie, Éliette Abécassis, s'attaque à un nouveau sujet avec son dernier roman : les réseaux sociaux. Mercredi, elle raconte dans l'émission "Culture Médias" sur Europe 1 comment elle a décidé d'écrire sur Instagram en voyant ses enfants plonger dans cet univers virtuel.
INTERVIEW

Et si Instagram était une version moderne du Petit Poucet ? Les enfants se perdent dans ce fil d'actualité comme dans une forêt avant d'être mangés par un "ogre numérique" qui n'est autre que ce célèbre réseau social. Cette hypothèse est avancée par Éliette Abécassis, écrivaine, réalisatrice et scénariste, venue présenter son nouveau roman Instagrammable, mercredi, dans l'émission Culture Médias sur Europe 1. 

"J'ai eu le sentiment de perdre mes enfants"

C'est d'une autre histoire qu'Éliette Abécassis a tiré son nouveau roman. Celle des Liaisons dangereuses, l'œuvre célèbre de Pierre Choderlos de Laclos, parut en 1782. "Pendant le confinement, j'étais à la campagne, je n'avais qu'un seul livre sous la main", raconte-t-elle. L'écrivaine explique avoir "réadapté" dans une version moderne ce classique de la littérature française. Les personnages sont presque les mêmes : "Le séducteur, la marquise de Merteuil, une grande manipulatrice qui est en fait l'influenceuse, et Sasha, une jeune fille un peu naïve qui va se laisser conduire par ce couple infernal." 

Mais cette idée de roman est apparue d'abord par un constat tiré de sa vie personnelle. "J'ai vu mes enfants basculer du jour au lendemain dans Instagram et j'ai eu le sentiment de les perdre", confie la romancière. C'est pour cela qu'elle a souhaité raconter "l'envers du décor, ce qui se passe réellement dans ce monde enchanté d'Instagram". "Sous ce côté magnifique des avocado toasts, des plages superbes à l'autre bout du monde et des supers restos, il y a tout un système de vente", décrypte Éliette Abécassis. Avant d'ajouter : "Il y a une sorte d'hypercapitalisme auquel les enfants s'habituent." 

"Se conformer à un idéal"

Et puis il y a aussi cette "extrême violence". Celle de la conformité du monde d'Instagram où toutes les jeunes filles sont des clones et où on leur demande de rentrer dans un moule. C'est en tout cas ce que la romancière, qui est également agrégée de philosophie, raconte dans ce nouveau livre. "Il y a une pression terrible sur les enfants et sur leur image, afin qu'ils se conforment à l'idéal du monde Instagram", déplore-t-elle. Une pression qui peut aller jusqu'au harcèlement sur les réseaux sociaux, voire la perte de la notion du réel. 

Pour elle, les adolescents, qui passent souvent "10 heures par jour sur ce flux" sont "victimes d'une addiction". Et dans son livre, elle apporte une première solution aux parents démunis face à cela. Il s'agit d'une application, qui existe réellement, et qui permet de contrôler les enfants lorsqu'ils déroulent leurs écrans. Elle permet de réduire les horaires d'accès au réseau et certains contenus.

Pour Éliette Abécassis, contrôler est donc une nécessité. Si l'on ne fait pas, "c'est comme si on laissait ses enfants se balader dans un quartier malfamé où il y a du sexe et de la violence à 2 heures du matin ou à n'importe quelle heure de la nuit, ce n'est pas possible", ajoute la romancière. Mais l'application a un défaut de taille : tous les enfants n'acceptent pas le contrôle parental numérique, et encore moins des adolescents.