La justice restitue un Pissarro à une famille spoliée sous l'Occupation

Le tableau de Pissarro avait été remarqué par les descendants de Simon Bauer lors d'une exposition en début d'année dans un musée parisien.
Le tableau de Pissarro avait été remarqué par les descendants de Simon Bauer lors d'une exposition en début d'année dans un musée parisien. © AFP
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avec AFP , modifié à
La justice a tranché mardi la douloureuse question de la propriété de ce tableau du peintre impressionniste Camille Pissarro, peint en 1887.

La justice a restitué mardi aux descendants d'un collectionneur juif spolié sous l'Occupation un tableau de Pissarro, qui avait disparu avant d'être acheté légalement aux enchères en 1995 par un couple d'Américains.
Le jugement "ordonne" à l'Établissement public des Musées et de l'Orangerie de remettre l'oeuvre La cueillette, placée sous séquestre, aux descendants du collectionneur Simon Bauer, dont les tableaux avaient été confisqués en 1943.

"Ce n'est pas à eux de payer pour les crimes de Vichy". "Mes clients seront très déçus de ne pas pouvoir récupérer ce tableau auquel ils sont très attachés. Ils feront très certainement appel", a réagi devant la presse Ron Soffer, l'avocat des époux Toll, qui avaient acheté l'oeuvre 800.000 dollars chez Christie's à New York en 1995. "Ils considèrent que ce n'est pas à eux de payer pour les crimes de Vichy", a poursuivi l'avocat, après avoir récupéré la décision. Me Soffer affirme que ses clients ne connaissaient pas l'histoire du tableau quand ils l'ont acheté. "Ce ne sont pas des experts, des historiens de l'art. Dans le catalogue de la vente, il était écrit nulle part que le tableau avait été confisqué".

Une collection confisquée sous Vichy. La cueillette, également appelée La cueillette des pois, est une gouache peinte en 1887 par l'impressionniste Camille Pissarro. C'était l'un des 93 tableaux de maître de la collection de Simon Bauer, un grand amateur d'art français né en 1862, qui avait fait fortune dans la chaussure. Cette collection lui avait été confisquée en 1943 et vendue par un marchand de tableaux désigné par le commissariat aux questions juives du régime collaborationniste de Vichy. Interné en juillet 1944 à Drancy, le collectionneur avait réussi à échapper à la déportation grâce à une grève des cheminots. À sa mort, en 1947, il n'avait réussi à récupérer qu'une petite partie de ses œuvres. Ses descendants ont poursuivi son action pour reprendre possession de la collection.