Festival de Cannes : ces Palmes d'or qui ont provoqué la polémique

Maurice Pialat, lors de la remise de la Palme d'or en 1987
Maurice Pialat, lors de la remise de la Palme d'or en 1987 © AFP
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G.P. , modifié à
Cannes, la Croisette, ses films, ses stars et aussi... ses controverses. Le plus grand festival du monde accorde chaque année une Palme d'or à un long-métrage qui ne plaît pas toujours à tous.

Dimanche soir, le jury du Festival de Cannes récompensera d'une Palme d'or le meilleur film de la compétition, selon lui. La distinction la plus prestigieuse du septième art a parfois créé la polémique sur la Croisette. Retour sur cinq récompenses et leur lot de controverses.

1960 : La dolce vita de Federico Fellini

Le film, qui dépeint les errances d'un journaliste dans la vie mondaine de Rome, provoque rapidement les fureurs du Vatican et du monde ecclésiastique italien. Ils jugent le film "immoral". Si la bourgeoisie est critiquée dans le film, La dolce vita ne s'est pas pour autant attiré les sympathies de la presse de gauche, qui reproche au film son côté moralisateur. Personne n'est donc d'accord sur l'oeuvre de Federico Fellini sauf... le jury cannois. Il lui décerne la Palme d'or 1960, à l'unanimité, sous quelques huées du public.

1966 : Ces messieurs dames de Pietro Germi

Deux films sont sacrés ex-æquo en 1966 : Un homme et une femme de Claude Lelouch et Ces messieurs dames de Pietro Germi. Si le premier provoque la quasi unanimité du public et de la critique, il n'en est rien du second, une comédie de mœurs, que certains jugent comme "un monument de vulgarité". La salle le fait violemment savoir lorsque le réalisateur vient récupérer son prix sur scène, à coup de sifflets et de huées.

1987 : Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat

C'est sans doute une des remises de Palme d'or les plus célèbres de l'histoire du Festival. Alors que Maurice Pialat vient récupérer son prix sur scène, la salle se divise en deux. D'un côté, un tonnerre d'applaudissements. De l'autre, un concert de sifflets. La scène vaut autant pour cette scission inédite, que pour la réponse de Maurice Pialat, une fois au micro. Le réalisateur lancera à ses opposants : "Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus".

1995 : Undergound d'Emir Kusturica

Underground retrace l'histoire de la Yougoslavie, de 1941 à 1992. Si plusieurs voix se font entendre pour critiquer le parti pris politique du film, c'est Alain Finkielkraut, dans Le Monde, qui va concentrer l'ensemble de ces réserves sous sa plume. Selon le philosophe, le jury "a honoré un illustrateur servile et tape-à-l’oeil de clichés criminels". Comme Alain Finkielkraut, d'autres opposants au réalisateur lui reprochent de proposer une propagande pro-serbe, soutenant le régime de Slobodan Milošević, en pleine guerre de Bosnie. L'artistique disparaît derrière la politique et le film nourrit l'opposition entre pro et contre Kusturica.

2013 : La vie d'Adèle d'Abdellatif Kéchiche

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La polémique commence dès le jour de la présentation du film à Cannes. Alors que l'équipe monte les marches, la Spiac-CGT publie un communiqué dans lequel elle dénonce les conditions de tournage du film, entre journées harassantes et harcèlement moral. Ces remous n'empêchent pas La vie d'Adèle de remporter la Palme d'or. Mais lors de la sortie du film, c'est au tour des deux actrices, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, de livrer leur vérité. Elles racontent, elles aussi, un tournage difficile et évoquent Abdellatif Kéchiche comme un "génie torturé". La réponse du réalisateur est cinglante, violente, et dirigée contre Léa Seydoux. Ambiance.