Jean-Louis Aubert : "Le Bataclan ne doit pas devenir un parking"

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Alexis Patri , modifié à

Jean-Louis Aubert publie une réédition de son album "Refuge", qui contient notamment 11 pistes live de son concert au Bataclan en 2019, après la réouverture de la salle au cœur des attentats du 13 novembre 2015. Invité de "Musique !", il raconte les sensations qui l'ont traversé avant et pendant son concert exceptionnel et espère qu'encore beaucoup d'artistes pourront jouer dans la salle.

"J'ai ouvert un journal. On y racontait l'histoire d'une salle mythique où il n'y avait plus beaucoup de musique. Je suis venu te voir, j'ai ouvert ta porte. Tout le monde me souriait, alors je suis venu m'asseoir en toi. J'ai senti une émotion forte. C'est comme si tu m'attendais." C'est ainsi que Jean-Louis Aubert débutait en 2019 son concert au Bataclan. Une introduction qui précède 10 titres live joués dans la salle et que l'on retrouve dans la réédition de son album Refuge. Invité de Musique! mardi, le musicien revient sur ce concert et confie son attachement à la salle, fermée, comme les autres, en raison de la situation sanitaire.

"Il faut absolument que d'autres artistes y aillent pour pas que ça devienne un parking", appuie le chanteur. "Parce que le meilleur moyen de se souvenir, c'est d'aller jouer encore dedans."

Respecter le souvenir des victimes

Son concert de 2019 avait été anticipé peut-être plus que n'importe quel autre de sa carrière. "J'avais peur de manquer de respect", confie-t-il aujourd'hui. "Et en même temps, le meilleur moyen de résister c'était aussi de faire des concerts." Le chanteur craignait également de penser aux attentats pendant tout le concert, et de ne pas arriver à jouer avec ces pensées en tête. 

Finalement, le concert s'est bien déroulé et une partie du live figure dans son nouveau disque. Jean-Louis Aubert a été rassuré dès sa sortie de salle. "Beaucoup de gens autour de moi étaient des victimes. Les entendre me parler et me dire qu'ils trouvaient que je ne piétinais pas le souvenir de ce qu'ils avaient vécu, ça m'a énormément fait de bien."

"Mes chansons prenaient un sous-texte"

Mais Jean-Louis Aubert explique aussi que jouer dans cette salle ne peut pas devenir anodin. "Le cadre dans lequel on joue une chanson rajoute des larmes ou des éclats de rire", explique-t-il. "J'ai des chansons qui parlent de la mort, des chansons qui parlent de l'ami perdu. Ou au contraire des chansons aussi pleines de vie qu'on écoute pour se remettre en route. Quand on les joue dans ce cadre-là, chaque chanson est teintée du souvenir. On dirait qu'elles prennent un sous-texte."