Dans les coulisses de Cannes avec Sylvie Pialat

Sylvie Pialat.
Sylvie Pialat. © BERTRAND GUAY / AFP
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A.D
Le trac règne toujours, l'envie aussi. Mais l'arrivée d'Amazon et la disparition des sifflets ont sans doute un peu changé l'esprit de Cannes. Immersion sur Europe 1.

Après le triomphal L'inconnu du lac, c'est un nouveau film original d'Alain Guiraudie qui est en compétition pour la sélection officielle du Festival de Cannes : Rester vertical. Sylvie Pialat en est la productrice et se trouvait dans la salle, jeudi matin, lors de la projection presse. Dimanche, elle a livré son ressenti dans l'émission C'est arrivé demain, sur Europe 1.

"Le trac règne". Première leçon de la productrice : quel que soient les anciennes victoires, "le trac règne. En même temps, il faut prendre du plaisir parce que la salle est magnifique. Jamais vous ne verrez votre film aussi beau. Il faut se laisser emporter, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de ressentir les réactions autour de vous... Les gens étaient très tendus, attentifs." Après la fin du film, les lumières se rallument "et il y a, ou pas, les applaudissements et là on a une vraie sensation de comment ça s'est passé". Verdict, cette fois-ci : "C'était extraordinaire, les gens étaient un peu en extase".

Amazon ? "Moins familial". Un bon présage, a priori. Mais Sylvie Pialat n'en est pas à son coup d'essai. Elle avait aussi produit Timbuktu, qui a raflé deux prix à Cannes en 2014. Son créneau, ce sont les films d'auteur. La venue du poids-lourd Amazon en tant que producteur va "changer le regard, commente Sylvie Pialat. C'est moins familial." Une nouveauté qui ne soulève pas plus de craintes que cela, mais guère d'enthousiasme  : "Je n'ai rien contre Amazon mais jusqu'à présent, j'ai des films avec des gens qui avaient envie de cinéma. Moi, je ne crois pas à la disparition du cinéma. Netflix supprime la salle, ce qu'Amazon ne fait pas encore. Il faut voir, on est un peu en retard, on aurait dû s'occuper de tout ça plus tôt."

Des batailles feutrées. Si les salles ne sont pas (encore) supprimées, les sifflets ont disparu, ou presque, de la quinzaine. Trop policé Cannes ? On se souvient d'un temps, en 1987, où Maurice Pialat, son mari, recevait la palme d'or pour Sous le soleil de Satan sous les huées. "Aujourd'hui, on n'entend plus beaucoup de sifflets. Les batailles, on les a mais cela se passe en dehors de la salle. Je ne pense pas qu'on puisse le voir lors des cérémonies d'ouverture ou de clôture." Peut-être que l'univers de Cannes a changé mais une chose perdure, "cette envie de bouffer du cinéma".