Chaque semaine sur Europe 1, dans "Une chanson dans la tête", le chroniqueur Fabien Lecoeuvre livre une anecdote autour d’un titre connu. Il nous raconte cette fois-ci la genèse d’un des morceaux célèbres de Vanessa Paradis, "Joe le taxi".
Best of & Variations, c'est le nom de la compilation de ses plus grands succès qu'a sorti récemment Vanessa Paradis. Sortie en 2009, la précédente s’était vendue à plus de 400.000 exemplaires. Dans ce double album, on trouve aussi des duos avec Etienne Daho, Nekfeu, ou encore Gaëtan Roussel. Vanessa Paradis, c'est déjà 32 ans de carrière, puisque son premier grand succès date de l’été 1987. Chaque week-end à 18h40, dans "Une chanson dans la tête", le spécialiste de la chanson française Fabien Lecoeuvre raconte sur Europe 1 une anecdote autour d'un titre connu. Aujourd'hui : "Joe le taxi".
Un passage à "L'école des fans"
Avec cette chanson, Vanessa Paradis a fait toutes les télés. Mais c'est six ans plus tôt, le 3 mai 1981, que la jeune Vanessa, âgée alors de 9 ans, est apparue pour la première fois à la télévision. C'était dans L’école des fans, l’émission de Jacques Martin dans laquelle des enfants venaient chanter des chansons en présence d’un artiste. Ce jour-là, l’invité était Philippe Chatel et Vanessa est venue interpréter le titre phare de la comédie musicale Emilie Jolie. C’est grâce à son oncle, le comédien Didier Pain, frère de sa maman Corinne, que Vanessa participe à cette émission. Didier connaît beaucoup de monde dans le monde du spectacle et comme il sait que sa nièce rêve de devenir chanteuse, il fait tout pour l’aider. Il va vraiment être la personne providentielle de sa carrière.
La rencontre avec Sophie Marceau
Au début des années 1980, le film culte de la jeune génération s’appelle La Boum avec Sophie Marceau, dans le rôle principal. Comme des millions de petites filles, Vanessa Paradis se laisse émouvoir par les aventures de "Vic". Grande sœur idéale, modèle, Sophie Marceau devient pour Vanessa une idole dont elle affiche les posters dans sa chambre. Didier Pain, sait combien sa nièce rêve de rencontrer Sophie Marceau. Ainsi, lorsqu’en 1985 il apprend que son vieux copain, le compositeur Franck Langolff est en train d’enregistrer un album avec la jeune comédienne, il lui demande de venir avec Vanessa assister aux prises de voix. Franck Langolff accepte sans problème. Didier Pain peut donc permettre à sa filleule de réaliser un premier rêve.
Un éclat de rire qui deviendra une chanson
Didier Pain vient donc un soir chercher sa nièce et la conduit au studio Artistic Palace à Boulogne-Billancourt où se déroule l’enregistrement de Certitude, le premier album de Sophie Marceau. Vanessa est très émue de cette rencontre avec son idole. Assise derrière la vitre, elle ne va rien rater de ces moments magiques. Discrète, silencieuse, elle va observer pendant de longues heures son idole en chair et en os, avant de s’endormir dans le canapé du studio. Ce soir-là, en plus de Sophie Marceau, Vanessa rencontre Franck Langolff et l’auteur Etienne Roda-Gil.
Avec la naïveté et l’évidence de l’enfance, elle leur demande de lui écrire une chanson. Tout se termine dans un éclat de rire et personne ne se doute que deux ans après, le vœu de la jeune Vanessa sera exaucé. Franck Langolff pour la musique et Etienne Roda-Gil pour le texte, confectionneront en février 1987 un "Joe le taxi" sur mesure pour Vanessa Paradis. Le disque arrive dans les bacs le 27 avril 1987. Vanessa chante pour la première fois "Joe le taxi", à la télévision, sur France 3, dans "La Nouvelle Affiche", le 3 juin 1987, en direct de Montpellier. C’est le début d’une grande aventure. Dès lors, le disque se vend à 30.000 exemplaires par jour et passe 450 fois par semaines sur toutes les radios durant l’été 1987.
Légende et réalité
La légende voudrait qu'Etienne Roda-Gill se soit inspiré d’un chauffeur de taxi new-yorkais pour écrire "Joe le taxi". La vraie histoire est tout autre. C’est une certaine Maria-José Léao Dos Santos, figure emblématique des nuits parisiennes, qui a véritablement inspiré la chanson. En effet, cette femme avait été embauché par un célèbre club, Le Privé situé rue de Ponthieu à Paris, comme chauffeur de taxi attitré de ce club fréquenté par de nombreux artistes et justement par le parolier Etienne Roda-Gil. Et c’est en repensant à ses nombreuses discussions, la nuit, quand Maria-José le ramenait chez lui, qu'Etienne Roda-Gil a écrit "Joe le taxi".