Cinéma : "Le Vénérable W", "Le jour d'après", "The wall", trois films à l’épreuve des critiques

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A.D , modifié à
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict ! 

Quel(s) film(s) aller voir cette semaine ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Stéphanie Belpeche du Journal du dimanche et de Renaud Baronian du Parisien, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : Le Vénérable W de Barbet Schroeder, Le jour d'après de Hong Sang-soo et The wall de Doug Liman.

Le vénérable W de Barbet Schroeder, en salles depuis le 7 juin

Le pitch : "C'est un film documentaire sur un moine bouddhiste qui vit en Birmanie, Wirathu. C'est le seul endroit du monde où un moine bouddhiste prêche la violence. Pendant tout le film, il prêche devant les moines et une partie de la population l'éradication des musulmans."

>> L'avis de Bruno Cras : "C'est effarant. C'est un psychopathe."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Tout est vrai. Le documentaire est construit avec une interview de cet homme et des images d'archives. On voit à quel point le mécanisme de monter les gens les uns contre les autres peut encore fonctionner."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "Quatre de ses lois islamophobes sont passées. Ce qui est terrifiant dans ce documentaire, c'est que Barbet Schroeder essaye de ne jamais juger ni d'influencer son témoin. Il lui donne la parole. C'est ce discours effroyable qui est absolument glaçant. La démarche du cinéaste est extrêmement cohérente. Il avait commencé sa trilogie du mal avec le portrait du général Idi Amin Dada, puis de Jacques Vergès avec L'avocat de la terreur et là, c'est Wirathu. On ne peut que constater l'évidence de ce génocide en train d'être perpétré depuis quinze ans déjà. Et Aung San Suu Kyi ne fait rien."

>> L'avis de Renaud Baronian : "Au-delà du discours, les images d'archives sont terrifiantes. La grande force de ce film, c'est de montrer que le mal peut se nicher là où ne l'attend pas. Les bouddhistes, normalement, sont les gens les plus pacifistes du monde. C'est atroce."

VERDICT : révélateur et effarant. A voir.

Le jour d'après de Hong Sang-soo, en salles depuis le 7 juin (film en noir et blanc)

Le pitch : "Aerum fait son entrée dans une maison d'édition. La femme du patron pense que son mari la trompe. Elle n'a qu'a moitié tort puisque son mari la trompait mais avec l'employé qu'Aerum remplace. Elle fait une énorme scène à la petite nouvelle. S'en suivent un tas de rebondissements."

>> L'avis de Renaud Baronian : "J'ai adoré. Cela fait 21 films que le cinéaste explore les relations amoureuses. Ils boivent, mangent, pleurent et se parlent beaucoup. Il y a des choses très légères, d'autres très amères. Je ne me suis pas ennuyé une seconde. L'assistante qui arrive en dernier est le fil rouge du film. Elle est magnifique, c'est un personnage extraordinaire."

>> L'avis de Bruno Cras : "Je ne comprends pas. Le cinéaste est à la mode. Des histoires d'adultère, on en fait des dix fois mieux. Ce film doit faire 1h40, j'ai eu l'impression qu'il faisait trois heures. C'est lourdingue, ça mange, ça boit, ça crie et ça s'engueule. Mais je ne vois pas bien l'intérêt, ce n'est ni drôle ni fin."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "Ce n'est pas fait pour être drôle. C'est d'une infinie tristesse. L'homme adultère est montré dans toute sa vulnérabilité et son renoncement. Toutes les femmes qu'il croise, il va les oublier. J'ai énormément d'empathie pour cet homme. Alors, certes, c'est très bavard, mais c'est très émouvant."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Bavard, noir et blanc, coréen, Hong Sang-soo : les auditeurs qui aiment ce type de cinéma y trouveront leur compte. Ceux qui aiment un cinéma un peu plus classique, plus cinématographique (là, c'est du théâtre filmé), passez votre chemin."

VERDICT : pour spectateurs avertis.

The wall de Doug Liman, en salles depuis le 7 juin

Le pitch : "2007, fin de la guerre d'Irak. Deux snipers américains sont coincés dans une portion de désert. Ils sont blessés car un autre sniper joue avec leur vie. Seul un pan de mur derrière lequel ils se cachent les protège de la mort. Les deux snipers ennemis peuvent échanger par radio."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "L'idée qu'il puissent parler est géniale. On pense à Buried qui marchait aussi sur l'unité de temps et de lieu. On s'attendait là à un duel psychologique type western, mais qu'est-ce qu'on s'ennuie ! Je suis très déçue."

>> L'avis de Renaud Baronian : "C'est un film que je recommande aux gens qui aiment les murs parce que c'est un plan d'1h30 sur un mur. Je n'en pouvais plus." 

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Ça rappelle aussi Phone game avec Colin Farrell qui était dans sa cabine téléphonique. Je vous trouve durs, il ne se passe pas rien, le film est tendu et a une fin extraordinaire."

>> L'avis de Bruno Cras : "Il y a une tension dans tout le film. Ma seule réserve, c'est que l'échange entre les snipers tombe un peu dans le mélo. J'aurais voulu le même film sans paroles."

VERDICT : Pourquoi pas.