Cinéma : "La La Land", "Tempête de sable" et "L’ascension", trois films à l'épreuve des critiques

  • Copié
A.D
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent des films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict ! 

Quel(s) film(s) aller voir ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Stéphanie Belpeche du Journal du dimanche et de Gael Gohlen de Première, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma, dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : La La Land de Damien Chazelle, Tempête de sable d'Elite Zexer, et L’ascension de Ludovic Bernard.

  • La La Land de Damien Chazelle, en salles depuis le 25 janvier

Le pitch : Le réalisateur de Whiplash revient avec un film très différent, si ce n'est le point commun de la musique. "On est au cœur de Los Angeles et on suit d'abord Sebastian, joué par Ryan Gosling qui est un pianiste de jazz et qui joue dans des clubs un peu miteux. il rêve de monter son propre club jazz, chic, dans lequel il pourrait jouer la musique qu'il aime. Il rencontre Mia (Emma Stone), qui sert des cafés et rêve de devenir actrice. c'est leur histoire qui va être racontée, une histoire d'amour, une histoire de passion pour leur passion et tout cela accompagné de musique, de danse. C'est bourré de références et jusqu'à présent 99,9% de la critique adore."

L'avis de Stéphanie Belpeche : "C'est une pure merveille. On a l'impression de rentrer dans une bulle de joie, de légèreté. C'est très aérien mais ce n'est qu'une apparence puisque le film dénonce l'envers du décor à Hollywood, le miroir aux alouettes où règne la cruauté, le cynisme, où sont brisés les espoirs et les illusions. derrière tout ça, on a cette jolie apparence de comédie musicale où tout est coloré et élégant un peu comme chez Jacques Demy."

L'avis de Gael Gohlen : "La comédie musicale, c'est ça. derrière les apparences, il y a toujours un fond soit de mélancolie, soit de tristesse, soit de dureté. Ce qui me fascine dans le film, c'est le degré de maîtrise de ce "gamin" qui a 32 ans qui réussit un film avec des idées à tous les plans, avec une maîtrise de ses acteurs inouïe. On sort en ayant envie de danser et de faire des claquettes et en même temps, ça dit des choses qui sont graves. Le type va faire un carton stratosphérique en salles et aux Oscars."

L'avis de Bruno Cras : "C'est un petit bijou, pas loin du chef-d'oeuvre. Maintenant, il ne faut pas sur-vendre ce film. ce qui m'énerve, c'est que cela fait 8 mois que l'on nous dit que La La Land est le chef-d'oeuvre de 2017. On n'est qu'en janvier. Il faut se calmer, on n'est pas à l'abri d'un autre chef-d'oeuvre. C'est très beau, très bien mais les petites réserves que je pourrais donner, c'est que c'est tellement virtuose que je trouve que Damien Chazelle montre un peu sa virtuosité. Ce n'est pas jusqu'à se regarder filmer mais quand je vais au cinéma, je veux y aller sans me dire que ' ah la la que c'est brillant !' Si quelqu'un s'ennuie un peu devant le film, il a le droit", d'autant que le film dure un peu plus de deux heures.

VERDICT : A voir, l'un des plus beaux films des derniers mois.

  • Tempête de sable d'Elite Zexer, en salles depuis le 25 janvier (Grand prix du jury de Sundance)

Le pitch : "C'est un premier film, d'un réalisateur israélien. Chez les Bédouins, c'est l'histoire d'un mariage entre un homme qui épouse une seconde femme et dont la fille est aussi promise à un mariage forcé. Elle aime un autre homme mais doit épouser celui qui lui a été promis. C'est l'histoire d'une révolte."

L'avis de Bruno Cras : "C'est magnifique, quasi documentaire par moments, un film grave, sur le courage de dire non."

L'avis de Stéphanie Belpeche : "Cela parle bien évidemment de la condition de la femme, mais aussi du mariage de l'homme, du mariage arrangé de la fille, de la perte des enfants si la première épouse est répudiée, de transmission, du poids des traditions. On tremble immédiatement pour tous ses personnages. Aucun n'est diabolisé, on dirait qu'ils ont tous des circonstances atténuantes. Il y a une lucidité et une subtilité."

L'avis de Mathieu Charrier : "Le père a quand même une personnalité assez trouble. C'est chez les Bédouins en Israël, à la frontière avec la Jordanie. C'est un peuple qu'on voit peu sur grand écran. Elite Zexer s'est baladé dans ses contrées avec sa mère photographe. C'est là qu'elle a entendu parler de ce genre d'histoires et notamment de personnes qui essayaient d'échapper à cette tradition. C'est quand même un film d'auteur, pour cinéphiles."

VERDICT : A voir, notamment pour les spectateurs avertis.

Le pitch : "Samy vit en banlieue à La Courneuve. Pour prouver son amour à Nadia (Alice Belaïdi), il lui dit que pour elle, il est capable de gravir l'Everest, 8.848 mètres. Elle lui dit chiche et le voilà parti alors qu'il n'a aucune préparation physique à part monter les escaliers de son immeuble."

L'avis de Mathieu Charrier : "Il faut saluer la performance d'Ahmed Sylla. Pour son premier grand rôle au cinéma, il cartonne."

L'avis de Gael Gohlen : "Il est effectivement la révélation du film. Il est incroyable, impose son énergie. Petit bémol: l'arc narratif autour du personnage d'Alice Belaïdi est un peu faible."

L'avis de Bruno Cras : "Son charme agit. Le film est soi-disant une comédie gentillette sauf que ce n'est pas simpliste, c'est émouvant, drôle, c'est une histoire de dépassement de soi. Petite larme !"

VERDICT : A voir.