Charles Aznavour, ses débuts dans la vie : "c'était un petit gars timide et à la fois très culotté"

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Christophe Hondelatte, Robert Belleret, l'auteur de "Vies et légendes de Charles Aznavour" revient sur la jeunesse du chanteur, mort lundi à l'âge de 94 ans.

C'est une grande page de la chanson française qui se tourne. Charles Aznavour est mort lundi, à l'âge de 94 ans. L'artiste, à la carrière hors normes, a marqué des générations entières. Chez Christophe Hondelatte mardi, Robert Belleret, l'auteur de Vies et légendes de Charles Aznavour, revient avec l'animateur sur ses premières années. Ou comment la légende de Monsieur Charles a débuté.

"C'était la fête tout le temps". Dès le plus jeune âge, Charles Aznavour a baigné dans le monde du spectacle. Ses parents, Micha et Knar, ont monté une petite troupe alors que le jeune Charles n'a que trois ans. Ils chantent des opérettes arméniennes dans un petit théâtre. Par un heureux hasard, l'enfant se retrouve un soir sur scène, face au public. Il ne se débine pas et déclame un poème en arménien, devant les badauds amassés. "Ce soir-là, devant un public d'émigrants, j'attrapais le virus qui, depuis, ne m'a jamais quitté", écrira Charles Aznavour dans son autobiographie.

 

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Son père a un restaurant, Le Caucase, tandis que sa mère est comédienne. L’établissement, fréquenté par des exilés d'Europe centrale et de l'Est, vit au rythme de la musique et des spectacles. "C'était la fête tout le temps", souligne Robert Belleret. "Quand il chante Les deux guitares, c'est ça que l'on retrouve : l'ambiance des violons, des Tziganes, de la démesure", souligne l'auteur de Vies et légendes de Charles Aznavour.

La rencontre avec Pierre Roche. Charles Aznavour va rouler sa bosse pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré l'occupation. "Il était très jeune, il avait 16-17 ans, l'âge des plus belles années", explique Robert Belleret. "Il pensait à faire la fête, à son métier, c'était un débrouillard, un petit gars timide et à la fois très culotté qui n'avait pas froid aux yeux", résume le journaliste. À 19 ans, il fait une rencontre qui va bouleverser sa vie : le pianiste et compositeur Pierre Roche. Les deux hommes se lancent en duo. "Ils sont fait pour s'entendre : Roche improvise tout ce qu'il veut au piano, il est super doué, alors qu'Aznavour est plus accordéon-musette-java-tango, il n'a pas du tout cette fibre jazz", décrit Robert Belleret.

Les années Piaf. À la fin de la guerre, les deux hommes décrochent un contrat pour chanter au Bœuf sur le toit, fréquenté alors par le gratin parisien : Jean Marais, Jean Cocteau, Charles Trenet ou encore Léo Ferré. Mais c'est Edith Piaf qui remarque le duo et leur demande de faire ses premières parties pour sa future tournée. Le début d'une longue histoire de complicité entre Piaf et Aznavour. "Ils avaient tous les deux la culture de la rue, une façon de parler argotique", raconte Robert Belleret.

Charles Aznavour sera pendant huit ans une sorte d'homme à tout faire auprès d'elle. "Il servait de chauffeur, d'éclairagiste, de sonorisateur, de secrétaire, de souffre-douleur", indique Robert Belleret, "il a tout appris avec elle". Quelques années plus tard arriveront les premiers succès. Le début de la légende.