"Ça va barder", une expression menaçante venue de l'armée française

Quelle est l'origine de l'expression "ça va barder" ? © Ludovic Marin / POOL / AFP
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Stéphane Bern

Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche chaque jour sur les racines d'une expression du quotidien. Vendredi, il s'intéresse aux origines de la formule "ça va barder", qui indique la coupe est pleine et que la colère d'une personne est sur le point de se déverser contre une autre.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mardi, l'animateur d'Europe 1 revient sur les racines de la peu enviable formule "manger à tous les râteliers".

Quand les esprits s'échauffent, quand on est tout proche d'un clash,  ou qu'un enfant refuse de ranger sa chambre, une expression résume l'ambiance orageuse sur le point d'éclater : "ça va barder". Pourtant, rien à voir avec une colère des dieux qui serait sur le point de tomber. C'est plutôt du côté de l'univers militaire qu'il faut aller chercher les origines de cette expression.

À la fin du 19e siècle, dans le jardon de l'armée, "barder" signifie que l'on est obligé d’accomplir une corvée, un travail pénible que personne n'a envie de faire. Un "bard" était alors une civière, et transporter les blessés était toujours une tâche ardue.

De la pénibilité à la colère

Dans des temps encore plus reculés, la barde était une armure particulièrement lourde portée à la fois par les chevaliers et leur monture. Le point commun à tout ça, la lourdeur. Si personne ne sait vraiment comment on est passé de la pénibilité à la colère, l'origine militaire est renforcée par l'expression argotique "ça va barder pour ton matricule".

Pour dire "ça va barder", les Anglais disent "sparks are going to fly" : les étincelles vont voler. Aux États-Unis, c'est "the shit is going to hit the fan", une histoire d’excréments qui vont se retrouver, on ne sait pas trop comment, dans un ventilateur. En Espagne, on préfère "se van a enterar de lo que vale un peine", qui en français donne "ils vont apprendre ce que ça coûte un peigne". Voilà une expression pleine de mystère, d'autant qu'un peigne reste financièrement abordable à l'achat.