Batman, Beetlejuice, Edward aux mains d'argent : ce que pense Tim Burton de ses personnages

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Clément Lesaffre , modifié à
A l'occasion de la sortie de son dernier film Miss Peregrine et les enfants particuliers, focus sur cinq personnages qui définissent la filmographie de Tim Burton.

L'univers cinématographique de Tim Burton est peuplé de personnages fantastiques, étranges, loufoques, monstrueux... De Pee-Wee Big Adventure (1985) à Miss Peregrine et les enfants particuliers (en salle le 05 octobre), l'attachement du cinéaste aux héros hors-norme est progressivement devenu sa marque de fabrique. Johnny Depp, Michael Keaton, Helena Bonham Carter, Jack Nicholson, aujourd'hui Eva Green : rarement un cinéaste a autant transformé ses acteurs pour donner vie à ses fantaisies. Tour d'horizon avec cinq personnages iconiques.

  • Beetlejuice, dans le film éponyme (1988) : le monstre comique

Dans cette comédie devenue culte, Michael Keaton incarne Beetlejuice, un "bio-exorciste" censé aider les Maitland, décédés dans un accident de voiture, à hanter les nouveaux occupants de leur maison. Mais très vite, le bonhomme se révèle plus drôle qu'effrayant. Grossier, pervers, bruyant, Beetlejuice agace autant qu'il fascine. "Il est horrible et tout le monde le sait, explique Tim Burton dans un livre d'interviews paru en 2005. Il est vite catégorisé et c'est un avantage car cela lui donne une totale liberté - un peu triste c'est vrai - dans ses actions. Il représente le seul point positif à être stigmatisé." Réhabiliter les déviants, un mantra pour le réalisateur qui fut lui-même un enfant marginal.

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  • Bruce Wayne/Batman, dans Batman (1989) et Batman : Le Défi (1992) : le héros sombre

Avant la trilogie de Christopher Nolan, les films de Tim Burton étaient la référence en matière d'adaptation de Batman. Une renommée en partie due à l'interprétation de Michael Keaton. Ce n'était pourtant pas gagné car Burton n'est pas un fan des héros de comics. Il est pourtant séduit par les dernières aventures du chevalier noir parues en BD, plus sombres (The Dark Knight, The Killing Joke). Le film est conçu dans cette veine avec un héros qui n'hésite pas à tuer. Keaton adopte une voix plus basse pour Batman que pour Bruce Wayne et campe néanmoins un pilier moral dans un monde peuplé de méchants monstrueux (dont Jack "Le Joker" Nicholson). "Ce qui est bien avec Batman, c'est qu'il navigue dans des zones grises, cela offre beaucoup de possibilités pour développer le personnage", dit le réalisateur à ce propos. Batman est le seul véritable "héros" de la filmographie de Tim Burton.

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  • Edward, dans Edward aux mains d'argent (1990) : le marginal romantique

C'est certainement le personnage le plus connu de Tim Burton et le plus autobiographique. Le cinéaste élabore l'histoire en se basant sur sa jeunesse d'enfant solitaire dans la banlieue de Burbank (Californie) en y mêlant la dimension fantastique qu'il aime tant. En résulte Edward, jeune homme timide et inoffensif, doté par un inventeur fou de lames aiguisées à la place des mains. Teint pâle, cheveux hirsutes et regard apeuré, Johnny Depp incarne à merveille cette "bête de foire malgré elle". Edward est pétri de bonnes intentions : "C'est une personne qui a des émotions, qui a envie de ressentir des choses mais qui, à cause de ses lames, ne peut même pas toucher quelqu'un", détaille Tim Burton dans le commentaire du film. Certaines analyses voient dans le personnage d'Edward une incarnation de l'autisme du syndrome d'Asperger.

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  • Willy Wonka, dans Charlie et la Chocolaterie (2005) : l'étrange génie 

Avant Miss Peregrine et les enfants particuliers, Tim Burton avait déjà adapté un livre de Roald Dahl, le classique pour enfants Charlie et la Chocolaterie. Un conte autour de la rencontre entre un jeune garçon et Willy Wonka, propriétaire mystérieux de la plus grande usine de confiseries du monde. Johnny Depp (qui d'autre ?) enfile le chapeau du loufoque inventeur culinaire. L'acteur et le réalisateur ont décrit le personnage comme un "amalgame des étranges présentateurs d'émissions pour enfants" avec une touche de Citizen Kane : "quelqu'un de brillant mais qui, à la suite d'un traumatisme, vit reclus dans son propre monde". Dans le film, Willy Wonka est un peu perché, victimes d'absences mentales répétées et à la limite de l'arrogance.

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  • Alice Kingsleigh, dans Alice au pays des merveilles (2010) : la force intérieure

Quand Tim Burton s'atèle à l'adaptation du classique de Lewis Carroll, il s'attache à ne pas reproduire les films sortis avant le sien. Au contraire, il veut sortir des sentiers battus et proposer sa vision de l'histoire. Une démarche qui s'en ressent sur les personnages, à commencer par l'héroïne Alice. Elle a le comportement opposé de celui des jeunes filles de l'époque victorienne. Effrontée, aventureuse, elle est asphyxiée par les codes de la haute société britannique du XIXe siècle. Pour le cinéaste, Alice possède une énergie intérieure exceptionnelle : "nous voulions qu'Alice ait une vraie vie intérieure, que l'on voit les rouages tourner en elle et non pas forcément une énergie flamboyante." Alice est l'une des rares héroïnes féminines de Burton.

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Un personnage aussi fort émergera-t-il dans Miss Peregrine et les enfants particuliers ? Réponse à partir du 5 octobre dans les salles de cinéma.