André Manoukian était l'invité d'Anne Roumanoff, jeudi, sur Europe 1. 0:55
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Manon Bernard
La flûte à bec désaccordée et l’apprentissage du solfège dès le plus jeune âge : ces deux pratiques sont à mettre à la poubelle pour André Manoukian. Le jazzman était, jeudi, l’invité d’Anne Roumanoff dans l’émission "Ça fait du bien" sur Europe 1. Il en a profité pour donner quelques conseils quant à l’initiation à la musique. 

Sommes-nous au point pour enseigner la musique à l’école ? Le jazzman André Manoukian, invité d’Anne Roumanoff dans l’émission Ça fait du biensur Europe 1 jeudi, pose cette question sur la table. Pour lui, les écoliers français partent avec un léger handicap, lié à notre langue maternelle.

"Notre langue est la moins musicale du monde", lance André Manoukian au micro d’Europe 1. Il est difficile d’apprendre la musique puisque le français n’est pas vraiment chantant. "Quand vous parlez avec l'accent canadien, par exemple, vous mobilisez les résonateurs du nez, de la gorge", détaille-t-il. "Maintenant, vous prenez un Anglais, quand il dit 'What the fuck ?, on gagne une octave et demie" par rapport à notre langue, démontre André Manoukian au micro d’Europe 1.

La flûte à bec, un instrument de torture

Pour couronner le tout, la reine des cours de musique en primaire et au collège a longtemps été la fameuse flûte à bec. Dans son livre Piano Fortissimo, qu’il est venu présenter, André Manoukian remercie même l’ancienne ministre de l’Education sous François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem d'avoir supprimer l'instrument de ces classes. Il y raconte d’ailleurs que la flûte à bec était autrefois… un instrument de torture. 

"Dans l'Antiquité, une torture romaine consistait à entourer un martyr chrétien de 200 flûtistes, créant ainsi le cluster avant l'heure. Les flûtes fatalement désaccordées, produisaient une fréquence telle qu'elles rendaient fou de douleur le condamné qui mourrait dans d'atroces souffrances", écrit-il dans son ouvrage.

Quelques "formidables méthodes" pour apprendre à jouer d'un instrument

Mais malgré ce "léger handicap", il existe de "formidables méthodes" pour jouer d'un instrument. Comme la Suzuki "qui apprend aux enfants le violon en jouant". Car pour André Manoukian l’apprentissage des mélodies doit rester ludique. "On ne va pas faire chier un gamin avec le solfège ! C’est très bien parce que ça vous aide à lire et à écrire la musique. Mais plus tard", s’énerve-t-il. Avant d’affirmer : "apprendre le solfège avant la musique c’est comme si on apprenait la lecture avant d’apprendre à parler".

Pour initier son enfant aux gammes et aux arpèges, le jazzman propose plutôt de jouer de la musique. Tout simplement. "Même si vous êtes débutant, que vous n’en n’avez jamais fait, mettez-vous au piano ou à un autre instrument, en même temps que votre enfant. Ça va lui donner un repère, vous allez vous marrer à deux". André Manoukian l’assure : "c’est comme ça que ça va marcher".