Toiles volées : l'alarme n'a pas marché

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avec Laure Dautriche , modifié à
Cinq toiles de maître ont été volées au Musée national d'art moderne de la ville de Paris.

Cinq toiles de maître ont été volées dans la nuit de mercredi à jeudi au Musée national d'art moderne de la ville de Paris, selon des sources proches de l'enquête. Il semble que l'alarme n'ait pas fonctionné.

Selon le maire de Paris, Bertrand Delanoë, un "dysfonctionnement partiel" du système d'alarme dans une partie du musée avait été constatée depuis le 30 mars mais aucune réparation du système n'avait pu être réalisée. Pire, Christophe Girard, adjoint PS au maire de Paris chargé de la Culture, a décalré vendredi que ni la mairie de Paris ni le directeur du musée n'avaient pas été informés du dysfonctionnement du système d'alarme de l'établissement.

"Opération de grand banditisme"

Le vol a été constaté lors d'une ronde jeudi matin vers 6h50 avant l'ouverture des portes du musée situé dans le XVIeme arrondissement de Paris, au Trocadéro. Une vitre avait été découpée et le cadenas d'une grille donnant accès aux locaux avait été cassé.

Pour Christophe Girard, adjoint du maire à la culture, le vol "ressemble à une opération de grand banditisme, du crime organisé". "Entrer ainsi dans le musée en démontant une vitre, choisir précisément cinq toiles et repartir en déjouant la surveillance des gardiens, les vidéos de surveillance, c'est impressionnant. On a affaire à un niveau de sophistication extrême", a-t-il déclaré.

Le système de sécurité déjoué

La police judiciaire a récupéré les cadres des tableaux pour chercher des empreintes, selon les informations d'Europe 1. Un enregistrement des caméras de surveillance du musée a révélé qu'une personne s'était introduite dans l'établissement par une fenêtre. Le musée est doté d'une alarme et d'un PC sécurité. Mercredi soir, trois gardiens étaient sur place, chargés de rondes pendant la nuit. "Il faut laisser la police trouver comment le système de sécurité a pu être déjoué puisque de toute évidence les trois personnes présentes n'ont rien vu et n'ont donc pas réagi", a déclaré l'élu parisien.

Parmi les tableaux dérobés lors de ce vol par effraction figurent un Picasso (Le pigeon aux petits pois), un Matisse (La pastorale), un Braque (L'olivier près de l'Estaque), un Modigliani (La femme à l'éventail) et un Fernand Léger (Nature morte aux chandeliers). Les oeuvres dérobées faisaient partie de la collection permanente du musée géré par la ville de Paris. Quatre des toiles étaient dans la même salle (Picasso, Matisse, Léger, Braque). Celle de Modigliani était dans une salle un peu plus loin, a précisé Christophe Girard.

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© Musée d’Art Moderne / Roger-Viollet / Succession Picasso 2009

Vol estimé à 100 millions d'euros

Le préjudice est estimé entre 90 et 100 millions d'euros selon selon la direction du musée. Le pigeon aux petits pois de Pablo Picasso, un tableau datant de la période cubiste du maître espagnol, est à lui seul estimé à 25 millions d'euros. La toile la moins chère est celle de Fernand Léger Nature morte, chandeliers, estimée à environ 15 millions. Sitôt le vol connu, le signalement et la photo des tableaux ont été diffusés, comme l'exigent les procédures en la matière, sur toutes les bases de données policières existantes dans le monde, via Interpol.

Selon l'assureur Axa, cité par le journal allemand Frankfurter Rundschau, ces tableaux n'étaient pas assurés. "Ces objets ne sont, à notre connaissance, pas assurés", déclare dans le quotidien le directeur d'Axa-Art, Stefan Horsthemke, qui ajoute que le musée a demandé à l'assureur de contribuer à l'enquête sur le vol.

La Brigade de répression du banditisme (BRB) a été chargée de l'enquête. Comme c'est le cas à chaque vol d'oeuvres d'art de grande valeur, les policiers vont s'intéresser à plusieurs pistes, comme celle du vol au profit d'un très riche collectionneur ou à celle d'un chantage à l'assurance (argent contre restitution des toiles).