Pas de vente des objets de torture

Fernand Meyssonnier avait publié "Paroles de bourreau" en 2002.
Fernand Meyssonnier avait publié "Paroles de bourreau" en 2002. © Capture vidéo
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Assiya Hamza avec agences , modifié à
La collection de l'ex-bourreau français Fernand Meyssonnier avait suscité une vive polémique.

La décision a été prise "dans un esprit d'apaisement". Après plusieurs jours de controverse, la maison d'enchères Cornette de Saint Cyr a finalement annoncé vendredi soir la suspension de la vente d'objets de torture rassemblés par l'ex-bourreau français Fernand Meyssonnier. 

"Devant l'émotion suscitée par cette vente, nous avons décidé de la suspendre afin que toutes les parties concernées puissent examiner dans le calme le contenu réel de cette collection", a déclaré le commissaire-priseur Bertrand Cornette de Saint Cyr.

350 objets au plus offrant

Corde de pendaison, écrase-main, poire d'angoisse... au total, 350 objets et documents du bourreau décédé en 2008, à l’âge de 77 ans devaient être mis en vente à la demande de la famille. Mais c'était sans compter la levée de boucliers des associations de défense des droits de l'homme et de la classe politique. Dans un communiqué commun, Amnesty International France, le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), l'association Primo Levi, l'ACAT-France (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), et la Ligue des droits de l'Homme ont dénoncé une "commercialisation de la torture".

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a également annoncé vendredi qu'il souhaitait "très fermement" l'annulation de cette vente intitulée Peines et Châtiments d'autrefois. "La collection concernée relève par sa nature plus de la morbidité et de la barbarie que de la culture et soulève par sa provenance de douloureux questionnements historiques", a estimé le ministre dans un communiqué.

Surnommé "le bourreau d'Alger"

Cet évènement a également suscité une vive émotion de l'autre côté de la Méditerranée. Alors que l'Algérie célèbre le cinquantenaire de son indépendance, des rumeurs sur la présence d'objets utilisés pendant la guerre a semé le trouble dans les esprits. Entre 1957 et 1962, Fernand Meyssonnier a procédé à 198 exécutions judiciaires en Algérie d'où le surnom de "bourreau d'Alger". "Nous sommes indignés par un tel acte s’apparentant à une provocation qui précède la célébration du 50e anniversaire de notre indépendance arrachée au prix fort", a déploré une association algérienne dans les colonnes du quotidien El Watan.

La maison Cornette de Saint Cyr a tenté une première fois de calmer les esprits en précisant qu'aucun objet n'avait servi pendant cette période. "Les objets sont une évocation de l'Inquisition, de l'époque médiévale. Il y a aussi des instruments restrictifs de libertés des XVIIIe et XIXe comme les entraves, tous utilisés en application de peines dans le système judiciaire", a alors précisé Me Cornette de Saint Cyr.

Ces objets seront néanmoins exposés publiquement du samedi 31 mars au mardi 3 avril à l'Hôtel Salomon de Rothschild, dans le 8ème arrondissement de Paris.