Mort de l'académicien Jean Dutourd

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avec AFP , modifié à
Le romancier est décédé lundi soir à l'âge de 91 ans à son domicile parisien.

Entre ironie caustique et provocation, Jean Dutourd ne mâchait pas ses mots. L'écrivain, à l'image étudiée de râleur renfrogné, disait détester son époque. L'académicien est mort lundi soir à Paris. Il était âgé de 91 ans.

Anarchiste de droite et fervent admirateur du Général de Gaulle, Jean Dutourd avait écrit de nombreux romans parmi lesquels Au bon beurre, un impitoyable portrait d'un couple de crémiers opportunistes sous l'Occupation, qui lui avait valu le Prix Interallié en 1952. On lui doit aussi Les Horreurs de l'amour, Masacareigne, Portraits de femmes, ou encore Journal intime d'un mort.

Mobilisé pendant la Seconde guerre mondiale et fait prisonnier, Jean Dutourd s'évade et rejoint la résistance en 1942. Il fonde le Mouvement Libération-Sud. Arrêté une nouvelle fois en 1944, il s'évade encore et participe à la libération de Paris en occupant les locaux de Paris-Soir. Dès lors, l'écrivain n'aura de cesse de dénoncer la bêtise triomphante et les modes, les jargonneurs et l'air du temps.

Ardant défenseur de la langue française, entré à l'Académie française en 1978, il a épinglé le langage à la mode et s'est indigné des atteintes subies par le français. Dans Ca bouge dans le prêt-à-porter, paru en 1989, Jean Dutourd livrait ainsi une critique féroce du style journalistique.

Le président Nicolas Sarkozy a salué mardi un "iconoclaste des lettres françaises". "La provocation n'a jamais éclipsé l'engagement et la profondeur de la pensée", a ajouté le chef de l'Etat.