Michel Polac a posé sa plume

La famille de l'écrivain, journaliste et cinéaste multi-casquette Michel Polac a annoncé sa mort à l'âge de 82 ans.
La famille de l'écrivain, journaliste et cinéaste multi-casquette Michel Polac a annoncé sa mort à l'âge de 82 ans. © MAXPPP
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La famille de l'écrivain, journaliste et cinéaste multi-casquette a annoncé sa mort à l'âge de 82 ans.

Cent vies en une seule. Journaliste, écrivain, cinéaste, producteur à la radio et à la télévision, critique littéraire, etc. Michel Polac est décédé mardi à l'âge de 82 ans, a annoncé sa famille. Michel Polac est mort "d'épuisement après plusieurs maladies".

Journaliste précoce

Né en 1930, à Paris, Michel Polac se tourne très vite vers le journalisme. "J'étais encore lycéen à Janson de Sailly. J'animais, avec des camarades, un journal lycéen fait de bric et de broc, Entre Nous, que nous diffusions dans tous les lycées de Paris", se souvenait-il. A 17 ans, il intègre le Club d'essai de l'ORTF, une sorte de laboratoire qui a pour but de découvrir de jeunes talents de la radio.

En 1955, Michel Polac lance sur France Inter, avec François-Régis Bastide, l'émission Le Masque et la Plume. Consacrée aux lettres et au théâtre, le programme est d'ailleurs toujours diffusé sur le service public - mais sans Polac qui l'a quitté en 1970.

Touche-à-tout prolifique

Touche-à-tout, Michel Polac écrit son premier livre en 1956, La Vie Incertaine, parrainé par Albert Camus. Il publiera ensuite une quinzaine de romans et une partie de son journal, en 2000.

Michel Polac parle de son premier roman à la télévision :

Parallèlement, Michel Polac s'installe à la télévision. Il anime des émissions littéraires, dont Bibliothèque de poche de 1966 à 1970 sur l'ORTF, et produit des documentaires, dont un sur l'écrivain Céline. Michel Polac revient sur TF1 en 1981 pour Droit de réponse, la première émission de débats polémiques à la télévision où le franc-parler était de mise. Il obtiendra un 7 d'or en 1986 pour cette émission.

Fumeur de pipe ronchon et révolté

Michel Polac y dénonce à travers des confrontations houleuses, parfois musclées et souvent bien arrosées, les scandales du moment, de l'immobilier à la politique en passant par le sport et les médias. Fumeur de pipe ronchon et révolté, il incarne alors l'arbitre des conflits, donnant la parole et la reprenant, souvent dans une joyeuse pagaille sur un plateau de télévision décoré en bistrot parisien. Coluche y fera en petite tenue sa campagne présidentielle et l'équipe de Charlie Hebdo, professeur Choron en tête, y annoncera la fin de l'hebdo, avant sa renaissance quelques années plus tard.

Mais au moment de la privatisation de la chaîne - rachetée par le groupe Bouygues en 1987 - une caricature dessinée en direct passe mal auprès de la nouvelle direction : Michel Polac lit à l'antenne et en direct la légende d'un dessin de Cabu "une maison de maçon, une télé de M...". L'émission est stoppée peu après.

L'émission Droit de réponse était souvent l'occasion de dérapages :

Michel Polac devient ensuite chroniqueur pendant dix ans à l'Evénement du jeudi et anime l'émission Libre et change sur M6 de 1988 à 1989. Collaborateur de France Inter jusqu'en 2005, il a aussi tenu une rubrique régulière dans le journal satirique Charlie Hebdo.

Polémiste jusqu'au bout

Dans les années 2000, il revient à la télévision comme chroniqueur, notamment auprès de Laurent Ruquier, dans On n'est pas couché. L'animateur lui a d'ailleurs rendu hommage sur Twitter : "je lui dois une grosse partie du succès d'ONPC. Il était le gage de la liberté d'expression", a-t-il écrit. Une polémique l'avait opposé à l'antenne à Daniella Lumbroso, à propos de son journal publié sept ans plus tôt. Michel Polac avait accusé la journaliste d'avoir sali sa réputation après avoir jugé qu'un passage du livre était pédophile.

Michel Polac avait également réalisé plusieurs films et téléfilms dont son Autoportrait en vieil ours en 1998, mais aussi Un fils unique et Monsieur Jadis en 1975. Il est aussi passé devant la caméra, en 1997 dans Post coïtum, animal triste de Brigitte Roüan et en 2005 dans Imposture, de Patrick Bouchitey, où il jouait le président du jury d'un prix littéraire.