Retour dans le futur... Depuis peu, les professionnels du tourisme usent des nouvelles technologies pour recréer virtuellement un patrimoine disparu ou modifié.
Cluny sur grand écran
C’est le cas notamment de l’abbaye de Cluny. Au Moyen-Age, c’était la plus grande église de la chrétienté, avec sa nef de 187 mètres de long et son double transept. Mais l'édifice religieux a été presque totalement détruit après la Révolution française. Parce qu’aujourd'hui ne subsistent qu'une petite partie des bâtiments, l’administrateur du site a mis en place un écran plat orientable verticalement et horizontalement.
Ce concentré de nouvelles technologies dans ce monument du XVe siècle est situé au pied des ruines. Il permet aux 100.000 visiteurs annuels d'admirer l'édifice tel qu'il était au Moyen-Age, en superposant éléments virtuels disparus et parties existantes filmées en temps réel. Car "les gens qui viennent à Cluny cherchent une église et, ne la voyant pas, sont souvent déçus. Ici, le virtuel prend tout son sens pour comprendre ce qu'était Cluny", explique François-Xavier Verger, l’administrateur du site.
Deux autres écrans situés plus en retrait permettent de visualiser l'abbatiale dans sa totalité et intégrée à la ville actuelle, avec voitures et piétons, comme si elle n'avait jamais bougé. Un quatrième écran devrait voir le jour avant la fin de l'année. Le réalisme, les détails et le rendu sont saisissants. La luminosité ambiante est prise en compte par des capteurs et retranscrite sur l'écran. Le va-et-vient entre le virtuel et le réel est permanent.
A Paris et à Bordeaux aussi
Un projet de ce type verra le jour à l’automne à Paris. Les touristes pourront voir, depuis le sommet de l'Arc de Triomphe et à travers une sorte de télescope, l'ancien Palais des Tuileries, détruit à la fin du XIXe, dans un environnement actuel.
A Bordeaux, il sera possible à la fin de l’année 2011 de se promener dans la ville en découvrant comment était la commune au Moyen-Age ou à d'autres époques. Et ce, grâce à un simple téléphone portable. Pour Jean-Luc Rumeau, porteur de ce projet B3D, le tournant de "la muséographie à ciel ouvert" a été pris par les sites de patrimoine.