"Journal d’une femme de chambre" : l'enfer social vu par Jacquot

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CINÉ - L'esclavage salarial, l’antisémitisme ou encore la discrimination sexuelle sont au cœur du Journal d’une femme de chambre, dernier film de l'auteur des Adieux à la Reine.

Après Les Adieux à la Reine, Benoît Jacquot renoue avec le film d'époque. Le réalisateur a choisi d'adapter le roman d’Octave Mirbeau, Journal d’une femme de chambre, paru en 1900. Et le pari était de taille puisqu'avant lui, le livre a inspiré le réalisateur Jean Renoir (avec Paulette Goddard dans le rôle principal) ou encore Luis Buñuel (avec Jeanne Moreau dans le rôle-titre). Le réalisateur retrouve Léa Seydoux à qui il a confié le rôle de Célestine. Et si Benoît Jacquot a choisi de faire ce film, sur les écrans mercredi, c'est parce qu'un peu plus d'un siècle après le récit, son sujet est encore très actuel. 

A travers les yeux d'une soubrette. "On prétend qu’il n’y a plus d’esclavage… Ah ! Voilà une bonne blague, par exemple… Et les domestiques, que sont-ils donc, sinon des esclaves ? " interpelle l'héroïne du livre d’Octave Mirbeau. Au cœur du livre, Célestine, une soubrette, a la parole. Benoît Jacquot reste très fidèle à ce point de vue. C'est donc à travers ses yeux que l'on pénètre dans le monde des puissants, alors qu'elle entre au service d'une famille normande riche et tyrannique.

Des sujets éminemment actuels. Dans le film, Célestine se rebelle contre les injustices qu'elle subit chaque jour. D'une singulière lucidité sur sa condition, on la voit murmurer entre ses dents des insultes à l'égard de ses maîtres despotiques. Le réalisateur a surtout vu dans ce film des sujets très actuels. Par son ton et son sujet, Journal d’une femme de chambre "trouve des échos très nombreux avec ce qu'on est en train de vivre dans ce pays, avec le climat sociopolitique actuel", explique le réalisateur. Le film lui a ainsi permis d'aborder "l’esclavage salarial, l’antisémitisme, le nationalisme ou encore la discrimination sexuelle". 

La forme adaptée au fond. Le réalisateur s'applique aussi à donner un sentiment d'oppression par la force des images. A l'écran, les escaliers sont interminables, les pièces sont étroites, les plafonds très bas. L'horizon bouché, l'absence des lignes de fuite contribuent à rendre l'atmosphère étouffante.

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