Girardot, "une aventurière, une grande dame"

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avec Steven Bellery et AFP , modifié à
REACTIONS - La disparition de l’actrice Annie Girardot suscite énormément d’émotion.

La mort de l'actrice Annie Girardot, à l'âge de 79 ans, a suscité beaucoup d'émotion et de réactions dans le monde du cinéma et de la politique.

Line Renaud. "Annie était un monument du cinéma français, une immense actrice, très instinctive et toujours juste. Son départ est bouleversant. Je suis allée l'embrasser une dernière fois dimanche soir. Sa fille Julia et sa petite-fille Lola m'avaient appelée pour me dire que c'était la fin. Cela a été réconfortant de la voir entourée de tellement d'amour. J'ai trouvé Annie très paisible. Depuis tant d'années, nous avions une grande complicité. En 1995, on avait tourné Les Filles du Lido. Depuis, on se surnommait Les Gourdasses en souvenir du tournage".

Bertrand Blier. Le cinéaste s’est dit "sous le choc" à l'annonce du décès d'Annie Girardot. "Elle avait de l'humour. Elle était très drôle", se souvient Bertrand Blier, sur Europe 1. "Le truc avec les grands acteurs, c'est qu'ils ont le trac.Annie avait le trac le premier jour de tournage. Elle avait les mains qui tremblaient. C'était toujours très émouvant", ajoute-t-il. "C'était une femme très courageuse, une aventurière, mais surtout une immense actrice, une grande dame", estime le cinéaste. Bertrand Blier, qui l'avait dirigée dans Merci la Vie en 1990 accomplissait un rêve de gosse. "Mais j'ai regretté de ne pas l'avoir contactée plus tôt, je pensais que je n'avais pas de rôle assez important pour elle. C'était une erreur".

Yves Boisset. "Elle avait une passion pour les mots croisés, elle en faisait près des caméras, se rappelle le réalisateur sur Europe 1. "Je lui disais on est prêt, on va tourner, tu veux te concentrer un moment ? Elle me regardait absolument ébahie et répondait : 'bah non pourquoi ?', alors qu'elle devait pleurer dans la scène. Là je disais moteur, et immédiatemment elle se mettait à pleurer. Elle pouvait pleurer comme ça, s'arrêter, puis retrouver ses mots croisés, et repleurer trois minutes après sans problème. Elle avait une faculté de concentration immédiate, d'intégration à un personnage qui était tout à fait exceptionnelle".

"Annie était une très, très grande"

Michel Legrand. "Quelle actrice, quel personnage !" s’est exclamé le compositeur et réalisateur, sur Europe 1, à l’annonce de sa disparition. Michel Legrand avait réalisé le film, autobiographique, Cinq jours en juin, dans lequel Annie Girardot jouait le rôle de sa mère. Le réalisateur n’imaginait personne d’autre pour ce rôle que l’actrice aujourd’hui disparue.

Mireille Darc. Jouer avec elle était un éblouissement. Elle était étonnante. Elle aimait la vie. Annie était une femme de coeur et était généreuse. Pour moi, c'était plus qu'un modèle sur le plan artistique. Annie pouvait incarner tous les rôles. En Italie, j'ai habité chez elle. C'était quelqu'un d'extraordinaire qui dévorait la vie. Le dernier film que nous avons tourné ensemble était Elle boit pas elle fume pas elle drague pas mais... elle cause, de Michel Audiard".

Claude Lelouch. "Je perds mon plus beau souvenir de metteur en scène", a déclaré Claude Lelouch sur Europe 1. "Mais je perds aussi mon plus beau souvenir d'homme", a-t-il ajouté, ému par la disparition de l'actrice. "C'était la plus grande actrice du cinéma français de l'après-guerre. Elle restera mon plus beau souvenir de metteur en scène et mon plus beau souvenir d'homme. C'était une femme extraordinaire aussi bien devant la caméra que derrière".

Sa gouaille irrésistible

Philippe Clair. Le réalisateur de Déclics et des claques (1964), première comédie d'Annie Girardot au sortir de Rocco et ses frères, se souvient : "On avait tourné près de deux mois ensemble, à Cannes, elle s'était tout de suite beaucoup amusée". "Elle était tellement heureuse d'avoir fait ce film: elle me disait que quand elle se trouvait laide et vieille, elle regardait le film en cassette dans son magnétoscope. Elle avait un talent fou".

Jack Lang. "L'éblouissante carrière cinématographique d'Annie Girardot fait parfois oublier qu'elle fut d'abord une étonnante et rare actrice de théâtre. Sa gouaille irrésistible, sa puissance sur le plateau donnaient à tous ses rôles, un éclat, une force, une lumière incomparable (...) Sa personnalité dominait chaque oeuvre. Elle imprimait une marque inoubliable. Son nom était celui d'une icône jusqu'à perdre son prénom. Girardot restera à jamais comme un symbole de l'exigence artistique la plus élevée".

Robert Hossein. "J'ai travaillé avec elle, je l'aimais infiniment". C'était "une colossale et magnifique actrice d'une générosité, d'une présence, d'un tempérament, d'une nature originale et vraiment extraordinaire. J'ai une immense estime pour cette immense comédienne. Je retiendrai d'elle (...) quelqu'un qui avait un énorme caractère, une autorité terrible et une vie assez passionnée, assez tourmentée, quelqu'un d'extraordinairement attachant. Je trouve que c'est une grande perte pour la profession..."

"Jusqu'au bout, elle fut d'une incroyable dignité"

Martine Aubry. "Je l'admirais et l'aimais beaucoup (...) C'était une actrice populaire au sens le plus sublime, touchante et généreuse avec son public qui transcende les générations. Il y avait chez elle une pudeur, des attitudes et une profondeur des sentiments qui faisaient de l'acte de jouer la vie, tout simplement", a déclaré la première secrétaire du Parti socialiste dans un communiqué. "Annie Girardot, qui déclara son amour du cinéma dans un ultime et émouvant message à ses pairs, manquera au cinéma et aux Français".

Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF a évoqué "l'inoubliable interprète de Rocco et ses frères et de Mourir d'aimer. Elle a marqué son époque, symbolisant de façon éclatante la femme des années 70 (...). Actrice de théâtre, chanteuse, travaillant pour la télévision comme pour le cinéma, elle avait su marier avec talent popularité et exigence de qualité. Jusqu'au bout, elle fut d'une incroyable dignité malgré une terrible maladie qui s'attaque à ce qu'il y a de plus terrible pour un comédien : sa mémoire".

Nicolas Sarkozy. Le président français a rendu hommage lundi à l'actrice Annie Girardot, "une des actrices les plus populaires de notre pays". "Ce n'est pas seulement une des figures les plus inoubliables du cinéma français de ces cinquante dernières années qui nous quitte, mais une comédienne qui a rayonné dans l'Europe entière depuis son incarnation de Nadia, l'héroïne de Rocco et ses frères", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Elle avait servi les plus grands metteurs en scène français et italiens (...) et réussissait le tour de force de s'épanouir aussi bien dans les comédies de Michel Audiard, où sa gouaille faisait merveille, que dans les textes classiques de la Comédie-Française, qu'elle avait quittée pour se consacrer entièrement au 7ème art", a-t-il ajouté.