Claude Miller: "dites-lui qu'on l'aime"

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C.B , modifié à
RÉACTIONS - Politiques, cinéastes, proches saluent le talent de cet élève de la nouvelle vague.

Claude Miller ne tournera plus. La nouvelle a été annoncée jeudi matin par sa maison de production. Malade depuis plusieurs mois, le réalisateur âgé de 70 ans, s'est éteint mercredi soir. L'annonce de sa mort a suscité une vague de réactions en son honneur. Politiques, cinéastes, proches saluent le talent de cet élève de la nouvelle vague qui a révélé de nombreux acteurs. Notamment Charlotte Gainsbourg, qui a reçu en 1985 le César du meilleur espoir féminin pour son tout premier rôle dans l'Effrontée.

"Dites-lui qu'on l'aime "

Le Festival de Cannes, qui lui avait remis le Prix du Jury en 1998 pour le film La Classe de neige, a quant à lui été un des premiers à réagir à sa disparition. "Jour de tristesse. Claude Miller est mort", a commenté le Festival dans un message publié sur Twitter.

L'Institut Lumière a également exprimé son émotion sur Twitter. "Claude Miller est mort cette nuit. C'était un cinéaste, un cinéphile et un ami", ont déclaré le réalisateur Bertrand Tavernier et du directeur de l'Institut et délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux. Interrogé par Europe 1, il a décrit quelque qu'un "qui a passé sa vie dans le cinéma". "Je suis allé visiter Claude ces dernier jours, et c'était fou comme son sujet principal, c'était le cinéma, comment son visage s’illuminait dès lors qu'il y avait une discussion de cinéma", s'est-t-il souvenu.

L'académie des Césars a d'ailleurs rendu hommage au travail du cinéaste. Le président de l'Académie des César, Alain Terzian, a déclaré sur BFMTV que le cinéaste était un "immense réalisateur qui a marqué 30 ans du cinéma français".

Dans un communiqué intitulé "Dites-lui qu'on l'aime", la société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) a exprimé "sa profonde tristesse". "Claude Miller laissera le souvenir d’un cinéaste de talent, cinéphile et curieux", estime l'ARP avant de rappeler la filmographie "à la fois populaire et exigeante, révélant un vrai regard d’auteur".

Le président d’Unifrance, Antoine de Clermont-Tonnerre, a salué la mémoire d’un réalisateur "qui, à travers ses fonctions à UniFrance, et plus récemment en tant que président d’Europa Cinémas, aura beaucoup œuvré pour le rayonnement du cinéma français en dehors de ses frontières".

"Je pleure ce frère retrouvé"

Les proches de Claude Miller saluent le courage d'un homme qui s'est battu jusqu'au bout contre sa maladie. Interrogée sur France Bleu, Nathalie Baye n'a pas caché son émotion après l'annonce de la nouvelle. "C'est extrêmement douloureux de voir un homme qui était encore plein de projets, qui venait de terminer un film, partir si vite et si tôt, c'est terriblement douloureux", a-t-elle confié. L'actrice évoque toutefois "un soulagement" de le voir partir, au regard "des derniers mois de douleur et de maladie qu'il a vécu."

Même son de cloche du côté de l'écrivain Emmanuel Carrère, auteur du livre La Classe de neige adapté par Claude Miller au cinéma. "Sa mort n’a pas été une surprise, puisque je suis allé le voir plusieurs fois à l’hôpital et, à chaque visite, je savais que cela pouvait être la dernière. Je suis triste, mais en même temps, il me donnait l’impression d’une vie accomplie, d’un homme en paix", confie-t-il à Evène.

Philippe Grimbert, auteur du livre Le secret, également adapté à l'écran par Claude Miller, souligne le courage du réalisateur. "J’ai eu la chance de le voir il y a encore trois jours, il avait gardé une grande lucidité et un humour incroyable. Même sur son lit d’hôpital, il partageait encore avec nous ce sourire qui était la marque d’un courage formidable. Je pleure ce frère retrouvé", a témoigné l'écrivain.

"Quelqu'un qui a compté pour ma carrière

De nombreux acteurs qui ont tourné au coté du réalisateur ont évoqué leur plaisir de travailler avec Claude Miller. Gilles Lellouche, qui a joué dans Thérèse Desqueyroux, le dernier film du réalisateur a livré un témoignage touchant à Première. "Je viens d'apprendre la nouvelle... J'ai beaucoup de peine, mais je garde des souvenirs forts de Claude. Sur Thérèse Desqueyroux, je me souviens surtout de sa passion et de son courage. Il était malade sur le plateau, mais il ne voulait pas lâcher la barre; c'était impressionnant de le voir combattre la maladie : il prenait son traitement mais refusait de se laisser abattre, refusait d'abandonner son film et ses acteurs", se souvient l'acteur.

Michel Blanc s'est également ému de la mort de Claude Miller qui lui avait offert "le premier vrai beau rôle" de sa carrière dans le film La meilleure façon de marcher. "Ce n'était pas un rôle très long mais c'était un rôle très intense dans lequel il y avait beaucoup de chose à faire, il m'a fait très peur. C'est un souvenir extrêmement fort, extrêmement présent. C'est vraiment quelqu'un qui a compté beaucoup pour le démarrage de ma carrière", a-t-il reconnu, interrogé sur RTL.

Guy Marchand, qui doit à Claude Miller son césar du meilleur second rôle en 1981 pour son rôle dans Garde à vue, raconte à l'Express qu'il va regretter les talents du réalisateur. "Ca va être dur de faire du cinéma maintenant parce que moi qui m'embête sur les tournages, avec des metteurs en scène comme Claude Miller, je pouvais faire du cinéma", lâche-t-il.

"Un poète des temps modernes"

Côté politique, François Hollande a salué le parcours de Claude Miller qui a officié aux cotés de Carné et Truffaut. "Il me revient à l'esprit le parcours de cet homme simple et bon qui avait su aller naturellement de Marcel Carné à François Truffaut, avant de se lancer lui-même dans la réalisation", a souligné le candidat socialiste.

Christophe Girard, adjoint au Maire de Paris chargé de la Culture : dit avoir appris : "avec tristesse la disparition de Claude Miller, cinéaste de l’intime et poète des temps modernes, qui savait manier avec éclat les plans et les textures. Il a su réaliser avec talent des œuvres exigeantes mais jamais inaccessibles".

A droite, François Fillon a rendu hommage au "grand artiste, intime du 7e art". "Le cinéma était son monde; derrière la caméra comme technicien ou metteur en scène lui-même aux côtés des plus grands comme Truffaut ou Godard", a souligné le Premier ministre.