"12 jours" de Raymond Depardon : "Une radiographie de la France extrêmement contemporaine"

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G.P.
Le photographe et cinéaste évoque son nouveau documentaire, dans lequel il s'intéresse aux personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement.
INTERVIEW

Photographe et cinéaste, Raymond Depardon revient avec un 20ème documentaire, 12 jours, en salles mercredi. L'artiste s'intéresse cette fois-ci à l'hospitalisation psychiatrique sans consentement. Depuis une loi de 2013, les personnes hospitalisées sans consentement doivent être présentées à un juge, avant un délai de douze jours. Le documentariste a filmé ces face-à-face.

"Ce sont des gens très sensibles". D'abord, des chiffres. 92.000 personnes sont hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement chaque année, soit 252 par jours. "Il suffit de deux psychiatres et d'un membre de votre famille", rappelle Raymond Depardon dans Melting Pop. "Ce sont des gens que l'on ne voit jamais, des gens malades, qu'il faut soigner un peu de force", explique le cinéaste. Lors de ce tournage, Raymond Depardon a été marqué par une chose. "Ce sont des gens très sensibles, hyper-sensibles, qui comprennent très bien", souligne-t-il.

"Un portrait de la France actuelle d'une incroyable réalité". Au total, Raymond Depardon a filmé dix face-à-face entre patients et juges. "En posant cette caméra pendant deux mois, j'ai fait un portrait de la France actuelle d'une incroyable réalité. C'est-à-dire qu'on a les dépressions au travail, la petite violence de tous les jours, les viols, les gens qui veulent se suicider, les problèmes de famille", liste l'artiste. Selon lui, son film offre "une radiographie de la France extrêmement contemporaine". Il espère d'ailleurs que lui, ou quelqu'un d'autre, pourra faire le même projet, dans dix ans, pour voir l'évolution.