Banditisme corse : une magistrate d'Agen déférée en vue de sa mise en examen pour 11 chefs

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avec AFP , modifié à
À la demande du procureur de la République de Nice, une magistrate de la cour d'appel d'Agen va être présentée à un juge d'instruction vendredi pour être mise en examen pour onze chefs dont trafic d'influence et détournement de fonds publics. La magistrate Hélène Gerhards est soupçonnée d'avoir eu des liens avec un membre présumé du banditisme corse lorsqu'elle était en fonction en Corse, entre 2010 et 2016.

Une magistrate de la cour d'appel d'Agen, dans le Lot-et-Garonne, a été placée mercredi en garde à vue dans le cadre d'une enquête portant notamment sur ses liens avec un membre présumé du banditisme corse, a-t-on appris de sources proches du dossier et du parquet de Nice. "Je confirme qu'une magistrate a été placée en garde à vue mercredi dans le cadre d'une enquête préliminaire suivie par le parquet de Nice, ouverte des chefs de recours en bande organisée au service de personnes exerçant un travail dissimulé, blanchiment, trafic d'influence actif et passif", a indiqué à l'AFP Damien Martinelli, procureur de Nice.

Une enquête ouverte en janvier 2021

"Elle est en garde à vue également pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique et usage de ces faux ainsi que détournement de fonds publics", a ajouté le procureur. Il s'agit d'Hélène Gerhards, magistrate à la cour d'appel d'Agen, ont confirmé à l'AFP des sources proches du dossier. Depuis le 20 janvier 2021, le parquet de Nice est en charge d'une "enquête susceptible de mettre en cause Hélène Gerhards", avait précisé à l'AFP le parquet général d'Aix-en-Provence en janvier 2023.

Cette enquête préliminaire est une incidente d'une information judiciaire de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille sur la bande criminelle corse du Petit Bar et a été confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier. Le domicile à Agen de la magistrate et sa villa à Pietrosella (Corse-du-Sud) avaient été perquisitionnés en décembre 2022, avait appris l'AFP de source proche du dossier.

Des liens suspectés avec un membre présumé du banditisme corse

L'enquête porte notamment sur les liens suspectés de cette magistrate, en poste en Corse entre 2010 et 2016, avec un membre présumé du banditisme insulaire, Johann Carta, autour de la construction, de la rénovation et de la location de la villa de la juge sur le Golfe d'Ajaccio, désormais vendue, avaient indiqué à l'AFP des sources judiciaires et proches du dossier. Johann Carta, ancien président du Gazelec Ajaccio (GFCA), club de football placé en liquidation judiciaire en janvier 2023, a été mis en examen et écroué dans plusieurs enquêtes, notamment en décembre 2023 dans une enquête ouverte pour "escroquerie, extorsion de fonds et blanchiment d'argent en bande organisée" par la JIRS de Marseille.

"En contacts réguliers également avec d'autres personnes connues des services de police [...], la magistrate semblait entretenir une grande proximité faite notamment de services réciproques", ajoute le magistrat. Jeudi, les avocats de cette magistrate se sont interrogés, dans un communiqué transmis à l'AFP, "sur un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature": selon eux, leur cliente serait "victime d'une opération de destruction dans laquelle l'autorité judiciaire se permet tous les coups".